En tant que passionné de langues rares, régionales ou même éteintes, je me réjouis toujours de voir des formations utiliser ces assemblages de mots qui peuvent sembler complexes à première vue. Cela peut en rebuter plus d'un, mais au-delà de la langue en elle-même, la sonorité ajoute une dimension supplémentaire et ce surtout si ces formations évoluent dans un style qui soit en cohésion directe avec l'histoire du parlé.
C'est ainsi que je vois BOISSON DIVINE et son Folk Metal. Si le nom du groupe n'a rien d'inhabituel et est écrit en bon français, celui de l'album est un peu plus révélateur. « Volentat » est donc le second album du combo Gersois. Dans le sud-est. Près de l'Espagne. Vous voyez ce que je veux dire ? Pas plus de suspens, le groupe utilise donc le Gascon dans ses compositions, parlé oscillant entre langue et dialecte apparenté au Catalan selon les linguistes et divers experts.
Voici BOISSON DIVINE avec « Volentat » !

J'avais quelques appréhensions avant de commencer l'écoute. En effet, nombreux sont les groupes qui se revendiquent « Folk » mais qui n'ont de ce qualificatif.. que le nom. Je suis donc rassuré et ravi de voir que BD ne fait pas dans la figuration. Dès l'intro de « Saint Pançart », premier titre à passer à la casserole, le groupe nous montre un large éventail d'instruments et de mélodies traditionnelles nous préparant petit à petit au reste de l'album. Le Folk n'est d'ailleurs pas la seule chose qui ressort de leur musique. Un côté Power Metal apparaît quelques fois au détour d'un refrain où le chant est assez haut perché comme sur « Dauma de Brassempoi » ainsi qu'une facette à la ALESTORM (peut-on parler de Pirate Meta l?), une foule scandant les paroles d'une voix rauque et puant l'hydromel en fond. Si tout ceci peut paraître normal ou banal dans un album Folk Metal, « Quinn Braguèr » n'est en aucun cas conventionnel. Une association basse/batterie groovy, du synthé, des effets électro ? Vous ne rêvez pas, c'est bien du disco. Ou du moins, ça y ressemble. Et bien, bizarrement, tout s'assemble assez bien et donne un résultat sûrement jamais vu, une belle alliance entre modernité et traditions.
Mais, vous allez me dire, quid de la voix ? Des paroles ? Les paroles en Gascon se fondent très bien avec l'univers du groupe et surtout, le chanteur sait exactement comment se placer sur le son ce qui donne une osmose extrêmement agréable à écoute. Il n'y qu'à écouter le refrain de « Los Invisibles » pour s'en rendre compte. La puissance dont dispose le vocaliste se marie parfaitement à celle des power-chords et du rythme lourd et ce en toutes circonstances.

Ce « Volentat » et ses neuf titres sont une vraie mine d'influences, de références, et de diversité. Si le groupe évolue indéniablement dans un Folk Metal reprenant tous les codes du genre, il ne se contente pas de rester campé sur ses positions sans non plus délaissé le côté Folk comme je le soulignais plus haut. Non, BOISSON DIVINE expérimente. Ils prennent des petits bouts de trucs et les assemblent ensemble comme dirait Stup'. Il réinvente le style Folk en passant par les ballades, le Rock, le Disco, le Power et même le Death ! Et tout ceci en Gascon, s'il vous plaît ! Mercés hèra !