Troisième album pour les géorgiens de Tbilisi qui cette fois ci ont choisi de poser leurs valises chez Solitude Productions.

« Falsus anno domini » est un album particulièrement réussi et abouti. Il est un peu à la croisée de tous les chemins et bien qu’il soit ténébreux à souhait on ne peut pas le qualifier de funeral doom metal au sens propre du terme.
Il y a un côté atmosphérique ainsi que mélodique qui domine par-dessus tout. Le trio géorgien n’hésite pas à puiser dans le Styx du black metal, ainsi que dans le Phlégéton du death metal pour noircir un peu plus le tableau.

Durant plus d’une heure, ils voguent pleine voile sur l’Achéron tout en nous entraînant vers des profondeurs abyssales dont on peut mesurer tout le désespoir au gré de chaque titre.
C’est un album à la fois poétique et brutal teinté d’une mélancolie résolument obscure. « Falsus anno domini » s’écoute d’une seule traite, un peu à la façon d’une pièce classique. C’est un pur voyage aux confins des ténèbres qui dure près d’1h20, un voyage à la fois poétique et irréel à travers une atmosphère épaisse et lourde, mais aussi très contrastée.

La première nuance vient des voix totalement aux antipodes entre l’énorme growl guttural de Serge Shengelia et le chant hurlant et vindicatif de David Unsaved. A travers cela, on perçoit vite une frontière entre le black et le death où les guitares bien distinctes viennent trancher dans le vif un épais mur sonore construit de riffs au son énorme et de véritables envolées mélodiques avec des solos fulgurants au timbre plus heavy metal que grosse disto écrasante.

Moi qui suis toujours en train de fuir le son des claviers au sein du metal, je dois dire que dans le cas présent il permet de rehausser toute la ligne mélodique contrastant de plein fouet avec une batterie cinglante et omniprésente travaillée aux triggers.

On peut facilement dire qu’il ne manque absolument rien dans ce nouvel opus d’Ennui car si vous êtes un amateur du genre grande aventure ténébreuse, vous ne vous ennuierez pas. Émotion garantie, l’obscurité a parfois du bon.