Un album de blues c'est toujours particulier. C'est un genre qui a ses fans, des durs. C'est un genre très dur, technique, dans lequel la sensibilité du musicien est mise à rude épreuve. Sortir un album de blues c'est un exercice périlleux. THE APOCALYPSE BLUES REVUE (raccourci en TABR) s'y risque et ... s'y casse à moitié les dents. Eh oui, nous avons plutôt retenu la moitié vide du verre.

TABR regroupe plusieurs membres de GODSMACK qui ont voulu, avec ce groupe de blues rock, se faire plaisir. Soit. C'est bien pour eux. Ils prennent du plaisir à jouer, mais pas autant que l'auditeur à écouter ce premier essai. L'album est bien produit, les musiciens sont (très) talentueux et le chanteur RAY CERBONE laisse de sa voix suave de baryton une empreinte certaine sur TABR. Alors pourquoi n'avons-nous pas accroché ? La réponse est simple : cet album est un cliché de blues. En bien fait, mais un cliché quand même. Aussi gros que les Tuches sont un cliché des ch'tis, pour vous dire.

Tous les thèmes chers associés au blues, utilisés depuis des décennies, écumés depuis des lustres se sont donné rendez-vous chez TABR. Toutes ces tentations diaboliques : l'alcool, les femmes, l'esprit torturé par le malin ... rien de bien nouveau par ici. Musicalement, on pourrait faire la même critique, entre le titre typiquement blues réelle saveur (EVIL IS AS EVIL DOES), le titre qui se veut lancinant (JUNKIE HELL) sans réellement emporter l'adhésion, tout s'enchaine très rapidement jusqu'à ce qu'un morceau ou deux viennent titiller nos tympans.

WHISKEY IN MY COFFE, et son rythme très rockabilly, le plus américain BLUES ARE FALLIN' FROM THE SKY, il y a tout de même de quoi se satisfaire. RAY CERBONE y est pour beaucoup, se faisant presque passer pour un JIM MORRISON. Et l'on retient quelques références par-ci par-là, comme DEVIL PLAYS A STRAT faisant penser à un vieux LED ZEPPELIN.

TABR est donc un album sympathique, mais sans plus. Les amateurs de blues s'y jetteront plus facilement que les non-initiés mais ne le garderont pas longtemps en mémoire. Prenez-le comme une sorte de bande-son d'un film sur le blues : on y regroupe les meilleurs moments sans vouloir innover. C'est un peu ça THE APOCALYPSE BLUES REVUE.