Quel serait un meilleur choix que l'Islande pour matérialiser un Viking métal, dans une veine folko-païenne ? De vastes étendues vertes de paysages sauvages et désertes d'humanité, ponctuées de merveilles naturelles envoutantes et isolées du monde par sa situation géographique. Un climat frais, voire froid, auquel survivent des Hommes réchauffés par une tignasse conséquente. Il est reconnu par beaucoup de musiciens qu'être face à la nature, sa grandeur et sa beauté, inspire énormément. SKALMOLD c'est un peu de tout ça, et vous le savez sûrement déjà. Le groupe jouit déjà d'une certaine réputation en Europe, souvent bonne d'ailleurs, puisque bien qu'évoluant dans un genre aussi casse-gueule que Mike Tyson, les Islandais savent apporter une touche musicale unique au genre. Cette patte artistique se traduit par des chœurs très présents, et des mélodies épiques travaillées, sans sombrer dans une surenchères de claviers, samples et autres artifices. Leur musique reste organique, à l'image de leurs origines, et c'est toujours le cas avec VOGGUVISUR YGGDRASILS, et ce malgré une légère évolution de la musique (à commencer par le producteur), un peu moins brute et plus précise, dévoilant ainsi davantage les détails que peuvent comporter les compositions du groupe.

Le premier constat se fait sur la longueur des morceaux, tendant à être moins longs que sur l'avant-dernier album MED VAETTUM. Comme corollaire on se retrouve avec des morceaux plus directs. L'entrée en matière de MUSPELL est significative et regroupe tout ce que SKALMOLD sait faire : des lignes de guitares mélodiques, des choeurs et un son très massif. Le guilleret et folk NIDAVELLIR nous met sur la voie : SKALMOLD mise davantage sur un aspect mélodique et accrocheur que sur la brutalité et l'obscurité de MED VAETTUM. MIDGARDUR confirme cette orientation, grâce à un riff mélodique, doublé d'un solo de guitare qui prouve, s'il en était besoin, que les membres du combo sont dotés d'un bagage technique conséquent.

Il est possible que certains regrettent cette nouvelle exposition musicale. Néanmoins, certains titres plus faibles (UTGARDUR, HELHEIMUR) ne sauront (ou Saruman) pas éclipser de véritables morceaux de bravoure, parmi les plus réussis du groupe jusqu'ici. ALFHEIMUR, morceau épique s'il en est. Un riff mélodique somptueux aux tonalités celtes nous conduit vers un passage, plus convenu, de choeurs doublés des six-cordes, se tirant la part-belle sur ce morceau. On ne pourra pas non plus passer outre VANAHEIMUR, morceau au déroulement progressif, s'achevant sur une montée puissante absolument fantastique. Le morceau nous prend par surprise puisque l'entame est quasiment l'une des plus extrêmes de cet album : 2 voix gutturales, des guitares lourdes et une rythmique (très) lente. La tension redescend totalement lors d'un break majestueusement folk, mystique, desservant un final grandiose. Le point d'orgue d'un album qui se laisse apprécier avec le temps.

SKALMOLD se réinvente-t-il ? non, mais il évolue. SKALMOLD évolue en bien ? Chacun aura son point de vue : moins brutal, plus direct, plus accrocheur aussi. SKALMOLD déçoit-il ? Clairement : NON ! Cet album est un uppercut moins puissant que par le passé mais le groupe était davantage attendu au tournant. Nous ne sommes pas resté insensibles à VOGGUVISUR YGGDRASILS, il est difficile de l'être d'ailleurs. Nous vous laissons découvrir VANAHEIMUR, qui saura, plus que n'importe quelle chronique élogieuse, vous convaincre. Bonne nuit.