Enslaved. On ne s'étendra pas côté présentation. Pour les ignares, on rappellera simplement qu' Enslaved est un groupe norvégien de black métal/viking/pagan/progressif (suivant les périodes) officiant depuis 1991. Pour le reste, leur discographie prolifique et leur notoriété jamais démentie parlent pour eux.
L'année dernière le groupe a donc logiquement fêté ses 25 années d'existence païenne en rééditant (en vinyle) pour l'occasion deux EP parus en 2011 : « Sleeping gods » et « Thorn ». Donc rien nouveau sous le soleil. Certes, ces deux sorties ont été tirées à l'époque à très peu d'exemplaires, mais faire ce choix artistique pour célébrer un quart de siècle de musique peut laisser dubitatif.

Quoiqu'il en soit, ces deux EP ont le mérite de permettre au quinquet norvégien de sortir un peu des sentiers qui deviennent de plus en plus battus au gré d'albums sans véritables surprises.
Le premier EP, « Sleeping gods », regroupe cinq titres assez différents les uns des autres. Celui qui ouvre les hostilités « Heimvegen » se situe dans la lignée du LP précédent (« Axioma Ethica Odini ») et ne dépareille pas du style caractéristique du groupe. S'ensuit un « Alu misyrki », assez brut au tempo rapide composé dans une veine ouvertement black'n'roll : direct, violent et diablement efficace. Le troisième morceau, « Synthesis » (quasi instrumental), composé dans un esprit clairement ambiant est un peu étrange, un peu flippant mais aussi un tantinet long (plus de 6 minutes). L'effet hypnotique voulu par les claviers répétant le même thème se transforme assez rapidement en répétition ennuyeuse dès la moitié du titre. Dispensable sur la longueur.
« Nordlys », avant-dernière compo, est pour sa part purement instrumentale, tirant sans vergogne sur le côté progressif et s'avère être le titre qui s'éloigne le plus de l'univers musical d'Enslaved. C'est aussi celui qu'à titre personnel je préfère bien qu'un peu redondant par moments. Mélodique, à la fois éthéré et dense, « Nordlys » est porteur d'une créativité salvatrice. Enfin, le titre éponyme qui clôture ce premier format court, « Sleeping gods » peut se ranger parmi ceux qui constituent les racines païennes du groupe, les fans de la première heure apprécieront.

Enfin, le deuxième EP (Thorn), n'est quant à lui composé de deux titres, eux aussi assez singuliers au regard de ce que produit habituellement la formation scandinave. Pas beaucoup de différences entre ces deux compositions bien construites (« Disintegrator » et « Striker ») qui situent leurs propos dans un black métal atmosphérique avec des relents de post métal au niveau mélodique. Seul bémol, une batterie atone qui aurait pu largement remplacée par une boîte à rythmes au vu de son rendu et de son manque cruel d'enthousiasme.
En conclusion, une réédition plaisante qui laisse entrevoir le potentiel (caché) d'Enslaved à travers des morceaux originaux et dans l'ensemble assez réussis qui devraient ravir tous les fans passés à côté de ces galettes il y a cinq ans.