Dégagé de ses obligations auprès de Motley Crüe depuis la séparation définitive du groupe, enfin au moins pour l’instant, on sait ce que ça donne les splits médiatiques de groupes phares qui finalement se reforment au bout de quelques années, Nikki Sixx est libre de se consacrer à son groupe devenu donc son projet principal, Sixx Am, avec la sortie non pas d’un album, mais d’un diptyque dont la première moitié, Prayers for the Damned, est sortie au début de l’année 2016. La deuxième moitié n’est d’ailleurs pas non plus sortie très récemment puisqu’elle date de novembre 2016 et tente de relever le défi qu'est de présenter un véritable intérêt et pas juste du remplissage quelconque pour vendre plus de plastique et pomper quelques euros de plus dans les poches des fans. Ces inquiétudes sont justifiées par le fait que rarement ce genre de tentative s’est montré vraiment concluant, surtout dans le cas où les deux parties ne sont pas réunis dans un simple coffret, mais vendu séparément.

Et qu’est-ce qui diffère fondamentalement entre ces 2 parties ? Et bien pas grand-chose, si on pourrait trouver quelques résonnances entre les morceaux de « The Blessed » et « The Damned » et des oppositions dans l’artwork ange/gargouille, jour/nuit et le titre, les 2 parties du diptyque font plutôt penser à un simple long album plus ou moins agencé de la même manière avec alternance de titres rapides et titres plus lents ou de ballades (auxquelles, on ne coupe jamais dans ce genre de production). Il commence d’ailleurs de la même façon que la première partie se termine, avec un bruit de public ou de foule distant.

On les attend d’autant plus au tournant que les Sixx:A.M. se composent de musiciens chevronnés dont Dj Ashba lui aussi libre de se consacrer pleinement à Sixx:A.M. depuis son départ de Guns & Roses qui comme chacun le sait, est revenu à une partie de son line-up originel. Le guitariste se révèle hyper créatif sur ce double album et arrive à insuffler une véritable puissance par des riffs incisifs et savoureux. Puissance qui avait manqué sur le très Hard FM et trop formaté Modern Vintage. A l’écoute d’un « We Will Not Go Quietly », clairement le tube de l’album, on comprend pourquoi le bougre a tapé dans l’œil d’Axl Rose quand celui-ci cherchait quelqu’un de suffisamment doué pour remplacer Slash. Et que l’on soit fan ou pas de ce type de musique très orienté « passage en radio », on peut difficilement nier le talent d’une formation comme Sixx:A.M. Même sur des titres moyens comme « Suffocate » dont les couplets sont particulièrement insipides, le guitariste arrive avec justesse à appuyer et mettre en valeur les refrains, dont l’efficacité est un des points forts des compositions de Sixx:A.M. . « Prayers for the blessed » est divisée en 2 par « Catacombs », interlude instrumental inspiré par les catacombes de Paris et composée par un Dj Ashba impressionnant par sa technique, mais dont l’intérêt est plutôt limité.

L’autre point fort du combo californien est son chanteur, James Mickael, qui porte aussi la casquette de producteur et de claviériste et qui se montre, une nouvelle fois, être un excellent interprète, capable d’adapter son chant aux parties les plus énergiques et catchy comme aux passages ou ballades plus intimes et où le chanteur arrive à retransmettre des émotions plus profondes et contrastées. Il s’en sort même plutôt bien sur la reprise de Badfinger, « Without You », titre popularisé par Mariah Carey et ballade sirupeuse type de ce genre de production. C’est peut-être ce qui pêche sur « Prayer for the Blessed », un peu trop de ballade, il y a aussi « Maybe, It’s Time » et de semi-ballades genre « Helicopters » qui sont bien foutues, mais qui donnent vite envie de passer à la plage suivante.

Si le fait d’avoir fait un diptyque regroupant autant de titres était indispensable ? Peut-être pas mais cette deuxième partie est malgré tout, tout aussi intéressant que la première avec quelques tubes en puissance et aussi d’autres titres très moyens, mais globalement au dessus de Modern Vintage. Si un simple double album aurait été plus judicieux, on ne peut que louer leur inspiration et se féliciter de leur capacité à produire du nouveau son, alors que des artistes comme Nikki Sixx n’ont plus rien à prouver à qui que ce soit. « Prayers » marque aussi la volonté du groupe de devenir une véritable entité à part entière et plus juste le side-project personnel du bassiste.

Tracklist :
1. "Barbarians (Prayers for the Blessed)" 5:11
2. "We Will Not Go Quietly" 4:21
3. "Wolf at Your Door" 4:10
4. "Maybe It's Time" 4:22
5. "The Devil's Coming" 4:55
6. "Catacombs" 1:20
7. "That's Gonna Leave a Scar" 4:11
8. "Without You" 4:04
9. "Suffocate" 4:21
10. "Riot in My Head" 4:46
11. "Helicopters" 4:57