C'est en 1994, tout proche de Lyon que se forme JAÏL. Le groupe a traversé le temps avec un premier album éponyme en 1996 et en 2003 un second, « Mali Glas ». Sa carrière aurait pu décoller à ce moment là car les concerts prennaient vraiment de l'ampleur avec des premières parties pour WATCHA, SILMARILS et les incontournables LOFOFORA. Ces années là étaient particulièrement ouvertes au mouvement hardcore français. Et oui mais il y a toujours des aléas et notamment au niveau des line up. C'est ça aussi d'être à l'avant-garde, la direction musicale n'est pas toujours évidente à tenir entre les envies de chaque musicien n'est pas toujours simple. JAÏL est enfin de retour en 2019 avec un line up solide et un album tout frais, « Sto Se Deres ? ».

Un retour réussi, c'est un retour qui se fait avec les bonnes formes, à savoir une bonne production. Le temps a passé depuis la dernière sortie du groupe et JAÏL l'a très bien compris et très bien appréhendé. Même si le groupe fonctionne encore en auto production, cela ne lui a pas empêché de nous faire parvenir une belle production. Le quatuor devait sans aucun doute avoir envie de faire les choses bien et de marquer les esprits. C'est plutôt réussi de ce côté là.

On ouvre les hostilités avec un titre assez peu commun, « Gori Zivot ». Il y a un petit quelque chose de SYSTEM OF A DOWN dans l'introduction avec ces parties hardcore coupées par quelques arpèges. C'est très court mais particulièrement efficace. Mais ce titre n'est pas que cela. C'est en fait un morceau assez dingue qui mélange bon nombre d'influences allant du metal au reggae avec de belles parties en son clair. On n'oublie pas le chant en bosniaque bien entendu qui donne à ce morceau une dimension toute particulière. Cette entrée en matière est surprenante mais tout autant enthousiasmante. Je me réjouis une nouvelle fois de découvrir autant de groupes de qualité dans cette région lyonnaise qui décidément n'en finit pas de me surprendre. On poursuit avec « Sreco » qui se fait nettement plus hardcore. L'absence de ce groupe lui a sans doute permis de peaufiner ses envies. En tout cas, l'aboutissement dont cet album fait preuve est impressionnant. Chaque titre devient une nouvelle expérience musicale. « Stranac » nous fait glisser doucement vers un mélange de hardcore et de musique ethnique qui personnellement me fait penser à ACYL. C'est à la fois efficace et intense mais ne maque pas de riffs aérés. On poursuit sur une veine un peu plus lourde avec « Gdje Je Ljubav » avant un virage nettement plus hardcore avec « BIH Genocide ». On sent clairement les influences des années 90 et clairement ce groupe ne ferait pas tache en première partie d'un MASS HYSTERIA ou d'un NO ONE IS INNOCENT. C'est une confirmation avec « Pustil Me Da Zivim » et ses mélanges hardcore et musique ethnique ou le très puissant « Revolucija ». On retrouve aussi pas mal de mélanges au sein de « Kad Sanjam » en côtoyant le reggae et toujours ce hardcore puissant dont le groupe maîtrise parfaitement les ingrédients. On conclut enfin a cappella avec « Put Putuje Latif Aga ».

JAÏL nous revient avec un album surprenant et bourré de qualités. C'est impeccable et je pense que ce groupe peut renaître de ses cendres sans aucun problème.