Cinquième album du groupe, toujours mené de main de maître par les deux compères de Soilwork Bjorn Strid au chant et David Andersson à la guitare, The Night Flight Orchestra continue de nous abreuver de revival seventies et eighties, peuplé de sons synthétiques mêlés de guitares rock et de mélodies majeures et flamboyantes.

Toujours autant éloignés du style de leurs groupes respectifs (outre Soilwork, on notera des membres d’Arch Enemy et de Spiritual Beggars), les musiciens assument comme jamais l’esprit kitsch et dansant de la pop music et même du disco, comme un hommage sans fin aux stars d’antan qui les ont influencés.

Rien de bien nouveau me direz-vous, avec ces synthés omniprésents et ces rythmes ultra-dansants, on pense à une fusion entre Camel, Journey époque «Raised on radio», Rainbow, saupoudré d’Abba, de Toto et même de disco première époque. On ressent même le côté commercial de Yes (pas la meilleure période de ce groupe hélas) allié aux premiers albums d’Asia, une touche progressive donc qui n’est pas pour me déplaire («Carmencita Seven»).

Tout y est dans le kitsch, le surfait, le maintream, on ne pourrait faire plus dans les mélodies que l’on retient instantanément, les chœurs féminins exacerbés, les refrains efficaces et fédérateurs, quelques moments auraient même pu devenir la BO d’un Fame II - «Taurus» et «Transmissions» auraient carrément pu figurer sur un album d’A-ha.

Il fut un temps où j’aurais totalement décrié ce genre de musique, tellement convenue, tellement non-évolutive, si nostalgique et dénuée de tout esprit novateur. A présent, j’adore ça, le temps qui avance sans doute, et à l’écoute de ce Aeromantic, je n’ai cessé de taper du pied et de balancer ma vieille tête empreinte elle aussi de nostalgie face à ces sons d’un autre temps, d’une autre dimension.

Cet album aurait pu être l’album de trop, - je préfère néanmoins les trois premiers du groupes, plus rock et plus spontanés (Skyline Whispers en priorité) -, mais le fait de tant assumer cette désuétude volontaire et ce côté trop vintage me touche beaucoup. Notons tout de même que ces treize chansons sont superbement interprétées, magistralement chantées et produites à la manière d’une ère analogique que nous ne reverrons hélas plus jamais, cette chaleur de sons, ces ambiances de prises studio sur le fil, les approximations de voix parfois sur la brèche (pas d’auto-tune ici, que nenni !), ces quelques «pains» laissés sur la bande pour le fun ou tout simplement par un oubli de mixage... bref, cette musique est vivante, organique, belle et à partager à l’envi dans la morosité de notre monde actuel.