Après un premier EP en 2020 et un album, « A Way », paru un an plus tard, les Français d’Orkhys reviennent cette année nous conter d’ancestrales légendes et mythes avec une nouvelle offrande : le sobrement mais fort bien nommé « Legends » !

La musique du groupe se caractérise par un grand mélange d’influences, savamment combinées, qui lui confère une originalité certaine. Prenez l’efficacité du heavy, les orchestrations du symphonique, saupoudrez-y quelques mesures de thrash et de black, et mélangez le tout avec le folklorique de la harpe celtique et autres cornemuses ; vous obtenez Orkhys, ou un symphonique puissant et inspiré, sublimé par une exquise pointe de celtique. Et ce « Legends » ne déroge pas à ce à quoi le groupe nous a habitués !

L’introduction éponyme, une courte mais non moins épique pièce instrumentale, fait monter l’auditeur en intensité avant que le riff d’ouverture de « Boudicca, Queen of the Iceni » ne vienne le saisir ! On retrouve dans la chanson ce mélange d’influences caractéristique d’Orkhys : un riff d’ouverture très power metal auquel la harpe celtique donne un relief du plus bel effet, puis une rythmique un peu plus proche du thrash ou d’un death mélodique à la Children of Bodom que la voix de la chanteuse Laurène Telennaria fait habilement glisser vers un entraînant refrain purement symphonique. « The Scream of the Banshee » est un peu plus traditionnelle et reste dans un registre symphonique classique, mais n’en est pas moins bien écrite et terriblement efficace ! La batterie de Jean-Yves Châteaux confère une superbe dynamique à la rythmique sans jamais écraser ou prendre le pas sur l’ensemble, donnant au contraire une plus grande profondeur au morceau. « Deirdre an Bhróin » reste sur la même ligne tout en empruntant quelques gimmicks au black et fait la part belle à la harpe celtique ; un titre assez atmosphérique pour une prophétie tragique, le seul chanté en français, dont la langue de Molière renforce à mon sens le côté mélancolique ; c’est très bien pensé.

Suivent les deux singles du disque : « The Chained Oak » et « Bae An Anaon » ; ce dernier, un petit trésor de folk d’un peu plus de sept minutes, est mon coup de cœur de l’album ! Contant l’histoire de la cité d’Ys, ville légendaire de Bretagne engloutie par l’océan, et de son roi Gradlon, le morceau raisonne comme une ode à la culture celte. L’incorporation de la cornemuse (que l’on retrouve également sur « The Infernal Kelpie ») complète à merveille les parties de harpe celtique et donne un souffle absolument épique à la chanson, magnifiée par l’interprétation vocale de Laurène ; sans parler de ce growl sorti de nulle part en milieu de titre ! Quelle surprise ! On en veut plus !

« Legends » offre un total de neuf titres pour un peu plus de 45 minutes de balade au cœur de récits historico-légendaires (Boadicée, reine celte des Iceni) et mythologiques, principalement issus du folklore celtique (la banshee, l’histoire de Deirdre, le Dullahan,..). Fort inspiré, ce deuxième album confirme encore davantage la capacité d’Orkhys à concevoir une musique riche et puissante, dans laquelle la hargne du metal épouse élégamment le charme et la douceur des influences celtiques, plus traditionnelles, du groupe. Une très belle réussite !