Pour ceux qui ne suivraient pas le black metal, et dont on se demande alors ce qu'ils font ici à lire cette chronique, Carpathian Forest est un des pionniers du black borvégien depuis le début des années 90. Le sieur Tchort ne fatigue décidément jamais et on ne s'en plaindra certainement pas ! Voici aujourd'hui leur 6ème album, sorti le 16 Juin 2006. Oui oui, hailz satan et tout le tintouin si ça vous tient tellement à coeur ;)

Premier constat : Carpathian a pas mal évolué depuis toutes ces années. Si pour vous le black doit impérativement être pesant et malsain, vous aurez du mal à accrocher et c'est bien dommage d'ailleurs. Car les rythmiques sont régulièrement très catchy et il faut bien avouer que ça choque un peu au départ. Après quelques minutes d'acclimatation, on rentre vite dans le bain tant la qualité technique est au rendez-vous. La gratte flirte ouvertement et fréquemment avec le thrash, comme dans « Submit to Satan » où on croirait entendre par moments du Metallicaca période Kill'em All. Ajoutez à ça des parties de batterie parfois typées death (certains passages sur « «Diabolism »), n'abusant à aucun moment de la quintuple pédale. Saupoudrez de très rares et brefs solis de gratte et nous voilà en présence d'un objet déjà bien curieux.

Mais les gaillards ne s'arrètent pas en si bon chemin, et comme ses compères Nattefrost nous illumine de tout son talent. La plupart du temps en voix black bien entendu, il se permet également quelques encartates sur le terrain du caverneux (« Start up the incinerator », « The first cut is the deepest », « Evil egocentrical existentialism ») mais fait aussi montre d'une belle maîtrise des voix claires et vicieuses (« Dypfryst », « Everyday i must suffer »). Petit détail, l'artwork en noir est blanc est bien bordélique, bourré de petits détails sataniques et d'insectes masquant habilement la partie obscène. Carpathian reste fidèle à sa réputation qui veut qu'outre les sujets usuels du black, ils soient énormément portés sur le sexe.

Au final on obtient un mélange détonnant. Je vous vois d'ici, n'allez pas croire qu'on a affaire au même type d'album que le dernier Darkthrone. Non, au grand jamais non. Les diverses influences et le côté groovy sont parfaitement intégrés, le tout se laisse boire comme du petit lait. La prod n'est pas en reste, un son impeccable met en avant chaque membre et son instrument. Cet album mérite d'avoir sa place dans la discothèque de tout métalleux qui se respecte... là ou beaucoup reprochent au black de stagner dans ses conventions, Carpathian Forest innove avec succès. Je n'ai désormais plus qu'un regret, devoir attendre au moins une année pour voir poindre leur prochaine oeuvre.