Les album précédents de Kemet laissent encore dans les esprits les traces d’un gothic dark metal torturé et inspiré, un domaine où ces français excellaient. Leur nouvel album « The rules of equilibrium » semble toutefois présenter les signes visuels incontestables d’un changement de style : design du livret plus moderne et changement de look (sympa les baggy’s !), une surprise serait elle donc à l’affût de nos oreilles ?

Et bien oui, l’album démarre sur les chapeaux de roue avec une « Fuck with the enemy » proche des sonorités d’Evereve, au rythme plus enlevé très goth metal et avec pas mal d’arrangement électroniques en arrière plan. Mais la comparaison s’arrête là car les choses prennent ensuite une toute autre tournure. Le nouveau style de Kemet s’engage résolument sur la voie de la modernité, mais si certain préfère le terme « moderne » pourquoi avoir peur des mots et ne carrément pas utiliser le terme de « neo » ? et si « the rules of equilibrium » n’en est pas encore là, la frontière reste en effet mince et les passages grosse rythmique syncopée sont là pour le rappeler. Les vocaux restent les éléments les plus portés en avant, et comme sur les album précédents, ce chant clair et torturé fait des merveilles sur les parties plus calmes, tout comme dans les parties en duo avec voix féminine ; malheureusement, ce timbre particulier devient nettement plus dissonant voir désagréable lorsque le tempo s’accélère. A noter également l’étrange titre « Sœur de sang », mêlant grosses guitares, mélodie au piano, samples scratch et chant déclamé « façon hip-hop »…ouf, cela commence à faire beaucoup. Le coté sombre est désormais totalement occulté (et peu crédible quand il apparaît) au profit d’arrangements et d’effet de style surjoués (argh, le chant saturé…) aboutissant à un résultat pas franchement convaincant.

La volonté d’évolution et d’expérimentation de Kemet n’est pas à blâmer et si « The rules of equilibrium » pourrait à la rigueur constituer un premier album encourageant, il apparaît comme une réelle déception et une bien mauvaise surprise.