Comment approcher le nouvel album des génies Scandinaves de Borknagar ? Evolution logique et volontaire d’un groupe ne désirant plus s’exprimer à travers une musique subtile mais agressive ou tout simplement, le besoin de s’évader hors des frontières confinant le genre en proposant, à titre exceptionnel, une prestation totalement acoustique. En tout état de cause la démarche est louable et la prise de risque mérite à elle seule le respect de tous. Les précédentes réalisations du groupe l’attesteront sans peine : Øystein G. Brun est un artiste compositeur d’exception et une nouvelle fois, "Origin" en fera foi.

Bien que la teneur émotionnelle de l’effort soit une larme en dessous de la merveille attendue, chaque motif trouve, malgré tout, l’accomplissement mélodique et mélancolique qui lui est dû. Nostalgie, évocation d’un temps jadis où les forces de la nature influençaient et organisaient la vie des hommes (le titre de l’album est dans ce sens assez évocateur !), vous l’aurez sans doute compris, une large part est faite aux ambiances teintées de spleen. Et quand bien même le groupe oubli la saturation et son ardeur belliqueuse, il ne se détourne pas pour autant de ses thèmes de prédilections. Il se dégage de cet album un sentiment de plénitude et de sérénité que les divers instruments acoustiques (guitare, flûte, violon) se chargent de retranscrire en musique. Malgré ces pérégrinations, la formation norvégienne parvient à préserver cet aspect épique et héroïque qui la caractérise tant et ce, depuis ses débuts. Vintersorg, n’évoluant pas en terre inconnue, pose son chant assuré et au timbre si atypique sans vraiment impressionner outre mesure. Dommage en effet que sur une base aussi enchanteresse, nous n’ayons pas droit à une démonstration vocale hors norme, ornant, élevant et sublimant toute la richesse des compositions.

L’idée qu’un tel groupe puisse s’adonner à ce genre d’exercice laissait entrevoir la plus racée et belle des magnificences, l’espoir qu’à côté de "Origin", on puisse y joindre le mot "magique". Il en résulte seulement un album agréable et convaincant qui, qualitativement, ne surpassera jamais le splendide "Kveldssanger" de Ulver ou "Weiland", l’épitaphe d’Empyrium. Pour cette seule raison, "Origin" est une déception.