Non, tous les groupes finlandais n’évoluent pas dans un registre musical constituant à produire le plus de notes possibles à la minute. Tenhi est bien là pour le prouver, s’étant déjà illustré depuis 1997 avec 3 albums dans un style épuré et mélancolique.

En exagérant quelques peu, Tenhi aurait pu naître de la rencontre improbable entre Daniel Cavanaugh et Tilo Wolff (si ceux-ci avaient été finlandais), l’un pour l’aspect émotionnel et épuré des compositions, l’autre pour une manière de chanter et pour le coté néo classique se retrouvant sur certains titres. Avant toute chose, il convient de préciser que Tenhi est une formation produisant une musique avant tout acoustique, où le piano règne en maître et se voit uniquement accompagné d’une basse et d’une batterie au frappé très léger, toujours en arrière plan, seulement présente pour marquer un lent tempo. Ce line up et le rendu ne sont pas sans rappeler des sonorités déjà observées chez Anathema, avec des parties claviers sobres voir parfois minimalistes. Mais si les ambiances sur "Airut :Aamajen" sont très mélancoliques, elles n’en deviennent toutefois pas comateuses et il est facile de laisser dériver ses pensées au gré des notes. La qualité des vocaux (l’album est intégralement chanté en finlandais) est également excellente, partagée entre ce chant masculin au timbre envoûtant, et une douce voix féminine. Ce "Airut :Aamujen", profond et tout simplement beau (notez la qualité des mélodies, notamment sur 8. « Hiensynty ») dégage une émotion rare, qui donnerait envie d’apprendre le finlandais pour comprendre les textes (une chose est sûre, ceux-ci ne parlent pas de fête foraine).

La musique de Tenhi se laisserait alors pleinement apprécier lors d’une écoute solitaire, dans le noir avec deux bougies allumées (et loin de tout objet tranchant), de quoi méditer sur la condition humaine.