Hatesphere est un groupe qui, dès son apparition, bénéficia d'un statut quelque peu particulier, et pas forcément très envieux. En effet, assez rapidement, les Danois d'Hatesphere furent considérés comme un bon groupe de Death-Thrash, comme un sérieux second couteau à l'efficacité redoutable qui avait le principal défaut de n'apporter strictement rien de plus à ce qui a déjà était fait des dizaines, des centaines de fois. C'était donc l'archétype même du groupe dont on entendait souvent dire, à juste titre : « c'est ultra convenu mais ça défouraille sévère et c'est remarquablement bien fait, c'est déjà ça. »

Malheureusement, la donne ne change pas fondamentalement avec leur nouvel album « Serpent Smiles and Killer Eyes ». Si le groupe se rapproche toujours plus de la scène Hardcore au détriment de la scène Death (ce nouvel album est mixé par Tue Madsen, célèbre producteur, entre autres, d'Hatebreed, groupe auquel on pense assez souvent sur ce SSKE), ce sévère constat s'avère être ici toujours autant d'actualité. On retrouve sur cet album tout ce qui fait que l'on aime (ou pas) Hatesphere.
Au delà du manque criant de personnalité du combo, force est de reconnaître que cet album est remarquablement bien foutu. Si l'on a bien évidemment des titres rapides ultra formatés et prévisibles à un kilomètre (« Lies And Deceit »), ceux-ci sont relativement minoritaires (Hatesphere a globalement choisi de privilégier la lourdeur à la rapidité) et sont heureusement compensés par quelques pépites (notamment « Damned Below Judas » qui nous montre la facette la plus brutale, la plus Death du groupe ou encore « Absolution ») et quelques passages bien lourds, bien pesants et groovy (le méchant riff de « Drinking With The King Of The Dead » avec son introduction à l'harmonica ou encore « Floating »).
Bref, on tient là un album assez varié, ultra carré, qui pioche sans vergogne dans plusieurs styles (le Death -un peu- le Thrash -beaucoup- le HxC new school -énormément-) et qui possède une production béton. Pas original pour un sou mais on ne s'ennuie pas une seule seconde. C'est déjà ça.