Certains pays semblent avoir une scène métal bien développé et intéressante, mais qui malheureusement peine à parvenir à nos oreilles de petits français. La scène russe par exemple, nous semble bien obscure. Pourtant, des groupes, il y en a, et des talentueux.

Prenons par exemple Little dead bertha, sextet russe, donc, qui existe depuis 1994 et a à son actif 4 albums et 1 EP. Le label russe (lui aussi) Stygian crypt a pris l'initiative de rééditer leur premier album, datant de 1998 et sorti uniquement en cassette à l'époque. Le groupe évolue aujourd'hui dans un dark/gothic aux multiples influences, et il est amusant de voir le chemin parcouru depuis ce "In memorium premortis".

En effet, cet album est très ouvertement influencé par le doom/death des années 90, comme pouvaient proposer Paradise lost, Amorphis ou Anathema. Mais c'est My dying bride, qui vient à l'esprit, à cause de l'apport d'un violon joliment mélodique, très présent, que ce soit en lead ou en arrière plan, et du grain des guitares, assez proche de celui des anglais. Pourtant Little dead bertha s'en éloigne beaucoup par un coté moins dépressif et des tempos dans l'ensemble plus rapides.
Au premier abord, il est vrai que cet album ne paie pas de mine. Surtout à cause du son, qui manque cruellement de relief et de puissance, ce qui a tendance à le faire sonner un peu "daté". Mais bon, il faut se dire qu'en Russie en 1998, les moyens d'enregistrement d'un jeune groupe de métal ne devaient pas être pharaoniques. La remasterisation a d'ailleurs du lui faire grand bien.
Ce qui pêche le plus à mon sens, ce sont les vocaux. La voix death est trop commune et un peu monotone, et la voix féminine, étonnamment froide, qui n'intervient que sur deux morceaux, manque vraiment de technique et d'assurance, surtout sur les montées en aigues.
Mais si on se donne la peine d'y revenir plusieurs fois, le charme finit par opèrer. Cet album n'est pas à proprement parlé très original, on évolue en terrain connu, pourtant Little dead bertha faisait déjà preuve à cette époque d'un certain talent pour les mélodies, qui sans être bouleversantes, sont réussies et attirent souvent l'attention, notamment lors des interventions de violons (l'instrumental basse/violon du milieu de l'album est magnifique). Quelques claviers symphoniques y sont aussi judicieusement placés. Ce sens mélodique allié à des compositions aux structures et tempos variés, en font un album fort agréable à écouter. Chaque titre, même pour les plus long, recèle sa petite touche, le petit truc qui fait tendre l'oreille, et ce n'est déjà pas si mal.

Au final, "In memorium premortis" est un bon témoignage du début de carrière de Little dead bertha, qui deviendra par la suite beaucoup plus original. Mais pour les amateurs de doom/death à l'ancienne, c'est du tout bon. Jetez donc une oreille sur ce groupe, il le mérite.