Voyager a tout. Un son, une identité, une vraie classe, des capacités techniques. Voyager, c’est le renouveau du Metal mélodique, ça vient d’Australie, et on ne sait pas encore si ça va tout casser, mais ce qui est certain, c’est que ça en a le potentiel.

Peu d’entre nous doivent pouvoir affirmer qu’ils avaient écouté le précédent album « Element V », et je dois dire que c’est avec ce « UniVers » que j’ai découvert le groupe. Première approche : ça ne paie pas de mine. L’introduction folklo-bizarre n’est pas du meilleur goût, et le Metal mélodique qui suit est plutôt agréable mais sans plus. Mais attendez plutôt ! Ecoutez plusieurs fois, saisissez la beauté des lignes de clavier, des soli époustouflants de mélodies, parfois à la limite du néoclassique (« Cross The Line », « Pulse 04 »)…Voyager maîtrise son sujet bien plus qu’on aurait pu le penser à la première écoute. Premier coup : sympathique, mais il y a un côté un peu amateur, les compositions n’ont pas l’air très abouties. Détrompez-vous ! Chaque titre est une petite perle de structure, de mélodie, d’ombre et de lumière, d’espoir et de mélancolie. Soutenue par une section rythmique en béton et une production profonde et massive, la voix de Daniel possède un timbre personnel, allant de graves en aigus avec pertinence, sans jamais trop en faire. Les mélodies sont intenses et accrocheuses, surtout sur le magnifique single « Sober », sans doute l’un des meilleurs titres de l’album, on se laisse prendre au jeu tout en appréciant la rigueur des musiciens qui parviennent à exprimer beaucoup grâce à leur aisance harmonique.

On déplorera quelques inégalités, pourtant. Certains titres se font, en dépit des multiplications d’écoutes, moins plaisants (« Falling », « One More Time ») car parfois un peu bancals niveau cohérence entre mélodie et atmosphère. J’entends que les sonorités sont parfois un peu trop heureuses, alors que des breaks sur un même morceau se montrent poignants d’une tristesse qu’on ne voudrait quitter pour rien au monde. Mais que voulez-vous, un album qui contient « Sober », on peut tout lui pardonner. Cette chanson a tout : elle est belle, alterne passages ambiants, refrains terriblement beaux et accrocheurs, soli virtuoses. Je tiens également à rendre justice à « Univers » : les bémols évoqués plus haut sont très minoritaires et n’apparaissent que sur deux ou trois morceaux, et encore, même pas dans leur totalité. On peut faire abstraction de ces quelques carences à l’écoute des également sublimes « Everwaiting » et « Deep Weeds », d’ailleurs.

En conclusion, ce nouvel album de « Voyager » est vraiment très convaincant. Les australiens ont parfaitement su synthétiser leurs influences progressives et dark en y ajoutant une personnalité sombre et délicate inexplicablement unique. Une belle preuve de sensibilité Metal, un album que les férus de mélodies gagneraient à acquérir !