Le trophée du disque ayant effectué le plus de kilomètres pour arriver jusqu’à nous est attribué à Julian’s Lullaby. « I can hear you thinking », en provenance de Grèce, aura eu à franchir quelques pays, démontrant par là même la motivation d’un groupe ayant à cœur de faire découvrir sa musique. Le trio n’est visiblement pas avare d’efforts et c’est un emballage cartonné, maison, mais soigné, qui vient présenter de fort belle manière cette première réalisation, avis aux expéditeurs d’autoproduction : la présentation, ça compte.

L’aspect esthétique marque visiblement beaucoup pour “I can hear you thinking”, et tous les musiciens ont à coeur de créer une ambiance de romantisme où la poésie et la douceur (« Eyes of gray ») croisent parfois des aspects plus sombres (« Ocean of tears »). Le disque n’échappe toutefois pas aux traditionnels aléas d’une première autoproduction : qualité sonore inégale et quelques approximations en particuliers vocales (quand les chants commencent à s’élever, « Kiss me not (tonight) ») sont à souligner. En toute honnêteté, les deux premières pistes de l’album inquiètent un peu et quand résonne l’intro au son synthé années 80 made in Europe sur le troisième titre « Queen in your dreams », on se dit que l’avenir de Julian’s Lullaby est plutôt indéfini, et ce malgré les efforts effectuées sur d’excellentes parties au violon dont les apparition viendront faire briller chaque composition. Mais non, car les 3 chansons suivantes relèvent la barre avec en particulier ce très profond « Ocean of tears », judicieux mélange de mélodie, de noirceur et de duos vocaux bien en place, et la ballade captivante « Just for day », posée, tout en douceur et piano. S’il y avait un petit apport On Thorns I lay dans tout cela que je ne serais pas surpris.
Le mélange plutôt disparate de gothique, mélodies, vieux hard rock, folk et acoustique ne permet toutefois que d’effectuer un constat simple : Julian’s Lullaby en est encore au stade de l’expérimentation et ne semble pas encore s’être décidé à composer le long d’une véritable ligne directrice. Les bonnes idées présentes éveillent ainsi l’intérêt, mais les prochaines réalisations ne pourront en être que plus convaincantes.