Dans la famille sévèrement barrée je demande KHEMEIA ! Ces français encore peu connus proposent avec « Melhadenso » leur mature et premier album, un métal avant-gardiste autant inspiré par des groupes de Rock progressif (tout particulièrement MAGMA), que par des formations de Métal extrême, ainsi que par de la musique traditionnelle orientale. Bref un melting-pot audacieux car, que l’on soit d’accord ou non avec les partis pris de KHEMEIA on est obligé de reconnaître la qualité de la démarche artistique.

Pouvons-nous définir un morceau type de KHEMEIA ? Non, cela serait un échec puisque le groupe refuse les morceaux aux structures conventionnelles. Cela signifie que les chansons des français sont assez déstructurées et sont des enchaînements de plans assez divers. Pour donner une idée assez large, le groupe peut passer de riffs très lourds soutenus par une rythmique agressive à des plans beaucoup plus posés, voir atmosphériques où le chant devient très planant.
Par exemple dans « Aumendei », on passe subitement d’un plan mélodique où le chant choral donne quelque chose de très religieux à une sorte de Rock très groovy à chant assez rap, bref à quelque chose pas loin de RAGE AGAINST THE MACHINE. Pouvoir passer de registres si divers à d’autres suppose que le niveau technique des musiciens est assez bon. En effet musicalement rien n’est mauvais et chacun touche son instrument. Accordons néanmoins une mention spéciale à la batterie qui est particulièrement efficace, tout registres confondus, passant de percussions tribales, à un bon vieux rock, puis soudain à un blast violent. En fait, la qualité réelle de ce groupe est que sa musique ne comporte jamais le moindre flottement et que quelque soit le registre opéré, les plans sont toujours percutants.
Le titre du morceau cité ci-dessus doit faire jaillir en vous une certaine interrogation. Qu’est-ce que « Aumendei » signigie ? Et bien cela signifie « recueillement » dans le langage Kobaïen, ce langage inventé par Chrisitan Vander le batteur de MAGMA. Tous les textes du groupe sont écrits en cette langue et à l’intérieur de l’album sont écrits certaines bribes de traduction, ce qui a beaucoup plus d’impact que d’avoir le texte en entier. De fait une impression de mystère se dégage de l’album et cela rentre en écho avec l’esthétique de la pochette, assez indéfinissable mais à la fois poétique et tinté de références culturelles à l’Orient.

En conclusion KHEMEIA propose une recette vraiment surprenante en raison de ses mélanges mais « Melhadenso » n’est pas pour autant un album si hermétique que cela. Evidemment il est peut-être un peu difficile d’y entrer, mais la qualité de la musique y est elle-même un rempart contre l’hermétisme. Vous laisserez-vous tenter ? Je vous le conseille vivement.