La fin est proche mes amis! Notre monde déliquescent court à sa perte et Art 238 vient de signer la bande son de cette agonie programmée et inéluctable. Morg et Psychotenia (le line up s'est étoffé depuis)sont les deux artisans de ce méfait apocalyptique et déshumanisé, sous la forme d'un death/grind brutal mais intelligent rehaussé d'ambiances industrielles glauques.

L'intro à elle seule met l'auditeur dans l'ambiance: sur fond de sirène d'alarme, d'explosions et de cris de douleur, les coupables de cette apocalypse sonore se présentent en grognant « Dr. Isotope, Morg, Psychotenia, let's gooooo ». Puis un compte à rebours se déclenche, dernier instant avant le ravage des guitares et des blasts épileptiques. Art 238 déploie ensuite un death/grind des plus furieux, aux cordes massives et graves à la limite des sonorités du gore grind sans en avoir le coté , soutenu par le jeu inhumain de Dr. Isotope, qui justement n'est pas un être humain mais une boite à rythmes. Extrêmement rapide et froid, le Dr. Isotope apporte un coté déshumanisé à la musique du groupe, ce qui sied parfaitement à l'ambiance fin du monde présente tout au long du disque. Les différentes samples et effets électroniques parsemés le long des compositions, même si leur utilisation aurait pût être accentuée, participent aussi à l'ambiance inquiétante et oppressante, ambiance très réussie qui rappelle par moment le « Demanufacture » de Fear factory. En bien plus violent néanmoins. Si les blasts sont légions, les changements de rythmes le sont tout autant, le duo français n'hésitant pas à varier les tempos pour diversifier les compositions; riche idée, car la déferlante des blasts beat est parfois étourdissante et on perd un peu le fil de l'écoute, la complexité des structures n'y aidant pas vraiment. Art 238 intercale donc souvent des tempos plus médium, voir lourds par moment ce qui s'avère apporter une atmosphère encore plus oppressante et malsaine (« Dusk of mankind »). Coté jeu de guitare, « Empire of the atom » offre également quelques bonnes surprises, sous la forme d'harmonies ou de lead qui m'ont évoqué tantôt Death pour les plus mélodiques, tantôt les débuts de Symbiosis pour les plus déjantés (« Dawn of mutants »). Ce coté mélodique est encore peu accentué mais apporte un petit plus agréable.

« Empire of the atom » sous ses aspects d'holocauste nucléaire, est en fait un album annonciateur d'un bel avenir, pour le groupe en tout cas. Art 238 a su prouver qu'il avait des idées et savait les mettre en valeur. A conseiller à tous les amateurs de violence maîtrisée.