“There is something rotten in the state of Denmark” affirmait Illdisposed en 1997. Et ces cinq danois se sont fait un plaisir d’arracher la tumeur à pleines mains pour vous la jeter à la gueule sous la forme des différents albums qu’ils ont sorti jusque là. Néanmoins, mon diagnostic pour « The Prestige » reste ambigu. La gangrène se serait-elle propagée jusqu’à atteindre l’organe le plus solide de la scène Danoise qu’est Illdisposed? L’autopsie du cadavre révèle de profondes plaies au niveau de l’abdomen et une amputation de tous les membres moteurs. Assistant, si vous le voulez bien, nous allons procéder à un examen plus détaillé. Scalpel s’il vous plait…

Première incision au niveau des poumons. L’air vicié qui en ressort indique l’omniprésence de cette véhémence qui a marqué le Death Metal de la formation dès sa naissance. Il va sans dire que le vocaliste d’Illdisposed ne ménage pas ses cordes vocales - ni les tympans de ses fans - étant donné le nombre de lésions présentes à ce niveau de la gorge. Le souffle de mort que fait passer Bo Summer (également ex-voix de Panzerchrist) par sa trachée y a laissé une marque indélébile et unique. La batterie précise comme un métronome, et pourtant aussi affolée que le cœur d’un cheval au galop, pompe des hectolitres de haine pour vous les injecter directement dans les veines. Sa vitalité ne semble pas avoir faibli avec le temps, et la maîtrise de tous les autres organes du groupe ne peut que vous assurer que la machine de guerre est en bon état de marche.

Sans avoir besoin d’approfondir l’examen de la dépouille, on se rend compte de l’absence de certains éléments vitaux qui assuraient le bon fonctionnement de l’organisme. Illdisposed semble avoir été amputé de son côté « électrique » et de sa jeunesse. Où sont passés les cris écorchés à la limite du Black Metal qui venaient contre-balancer le chant guttural et caverneux du cerveau de la formation ? Même les accélérations de tempo et les ralentissements subits à vous donner des syncopes ont disparu. Arrachés, les très rares et discrets samples électroniques de « Burn Me Wicked » gisent non loin de la carcasse. L’influence des guerriers de Bolt Thrower est toujours là, mais apparaît seulement comme de légères cicatrices effacées par le temps. Près d’acquérir auprès de moi la même estime que j’ai pour les britanniques cités plus haut, Illdisposed s’aseptise et me déçoit, après m’avoir ravi en 2006. Serait-ce pour cause d’épuisement ou après une décision prise de sang froid que le style des vétérans s’est assagi ?

Volonté de préserver sa santé ? Régime ? Traitement ? Quelle insulte. Un esprit démoniaque dans un corps putride, voilà ce que nous voulons. Ce n’est que pour le plaisir de voir les ecchymoses, cicatrices et brûlures zébrer ma peau que je me soumettais aux pulsions meurtrières des danois.