Deux cas de figure sont possibles :
1- Vous êtes un trve du kvlt et idolâtrez déjà Leviathan,
2- Vous n'entrez pas dans la première catégorie, et ne reconnaissez pas le potentiel destructeur du sus-dit monstre des mers. Dans ce cas, vous êtes un inkvlt.
Que vous soyez un emo-kvltkid en mal de biactol, ou simple mélomane qui aime à torturer ses oreilles aux douces dissonances du Black Metal, vous devez avoir ouï dire de Leviathan auparavant. Néanmoins, qui que vous soyez, « Massive Conspiracy Against All Life », n'est pas fait pour vous. Il n'est fait pour personne.

Comme un poème décadent de sept strophes, l'album déroule une intrigue tragique dont les seules sonorités suffisent à justifier le titre. Négation de la mélodie, négation du langage humain, et négation du concept même de musique, « Massive Conspiracy Against All Life » se pose comme le parfait exemple de l'a-musicalité du BéHèmme. Aussi destructeur qu'atmosphérique, aussi compact que fluide, le tout forme pourtant un ensemble aussi cohérent que chaotique. Ce qui pourrait vous paraître un excès de style de ma part n'est que l'expression de ce que m'inspire le talent du prolifique Wrest ; l'homme derrière les quinze -grands dieux !- démos du léviathan, et des projets non moins connus tels que Lurker Of Chalice et Twilight. Imperméable et exigeant, cet album se distingue de ses concurrents kvltissimes par un minimum de respect pour les âmes perdues qui voudront bien se livrer à tant de noirceur – et ce avec un plaisir que je qualifierais de délicieusement masochiste. Bien que loin d'avoir été enregistré sur le quai d'une gare, l'album ne s'embarrasse pas de considérations techniques qui pourraient en corrompre l'idée première. Wrest ne disposant que de deux bras, mais d'un esprit malsain à souhait, vous conviendrez que ç'aurait été plus improbable qu'impossible. Comprenez-le bien, les instruments que les acteurs de la pantomime économico-satanique majeure exhibent comme le prolongement de leur appendice sexuel sont ici joués comme de véritables instruments de torture : nul besoin d'assourdissantes vagues de décibels, l'ambiance seule prévaut.

Toutefois... ce tourmenté léviathan se trouve assez doué, et le produit de sa haine qu'est « Massive Conspiracy Against All Life », assez bien ficelé pour nous communiquer les mêmes pulsions de mort qui l'animent. Je dois pourtant vous mettre en garde, l'écoute prolongée de cet album nuit gravement à votre santé mentale et provoque une mort lente et douloureuse. Mais finalement... qui oserait s'en plaindre ?