Contenter les fans en leur donnant fidèlement ce à quoi ils s’attendent n’est assurément pas le credo de Dornenreich. En remettant le couvert avec "In Luft Geritzt", c’est une nouvelle recette qui vient à nouveau être testée, pour le plus grand bonheur des gourmets musicaux.

L’heure est alors à l’épuration musicale. En effet, seuls quelques ingrédients de base composent cet album 100% acoustique : guitares sèches, violons, et de rares éléments de percussions (tambourins) en sont les principaux acteurs. En grande partie instrumentale, la sauce se réduit ainsi davantage au niveau des vocaux, limités à des murmures, chuintements chevrotants d’arrière plan, ou hurlements. Les ambiances alors crées ne manquent pas de charme, et c’est une sorte de magie, au sens de fantastique qui vient recouvrir lentement "In Luft Geritz", comme un lent voile de brouillard. Loin de la dépression d’un Sol Invictus par exemple, Dornenreich joue au contraire sur l’aspect acoustique pour écrire des compositions dont le volume variant comme une vague, gonflant, puis s’abaissant (« Sehnlauf »), l’impression d’être chahuté par une sorte de marée venant rapidement gagner l’auditeur. Oh, et il se fait poète…oui, car tout est fait sur cet album pour titiller l’esprit, et l’entraîner sur une lente danse oubliée, le déconnecter rapidement les perceptions, effet « yeux dans le vague » assuré !

Cependant, faire vivre une telle création de bout en bout n’est pas chose aisée, il sera possible de reprocher aux autrichiens une trop grande régularité entre les titres et des sonorités parfois trop uniformes. Mais peut être ce choix était il volontaire ? afin de former une sorte de lien entre chaque piste ? auquel cas l’objectif est atteint, et voilà un "In Luft Geritz" très cohérent et touchant qui vient s’achever dans l’apaisement total, faisant ressentir le fameux vide bien connu de tous une fois la dernière note passée.