Quelque chose reposait sous la croûte de l’Antartique, une chose que les scientifiques cherchaient à éveiller depuis bien des années déjà. Après de multiples forages sous plusieurs kilomètres de glace, enfin voici l’objet porté à la lumière du jour par une équipe de chercheurs français, premiers sur le coup. « ça » se nomme « Hegemony » et malgré toutes les tentatives possibles pour le réchauffer, l’artefact étrange ne persiste qu’à irradier une froideur brûlante proche du seuil absolu.

Du cold métal ? un terme qui en fera sourire certain tant sa signification voudrait à la fois tout et ne rien dire. Pourtant, le mot ne saurait mieux s’appliquer à la musique de S.U.P, unique, jamais copiée, jamais égalée.
Un résumé rapide de la situation ? Hegemony regroupe tout simplement l’ensemble des meilleurs éléments de la musique de la formation nordiste, élevés à un degré supérieur d’affinage. Lourdeurs des guitares superposées à des nappes de vapeurs congelées, c’est une immersion de près d’une heure dans un bain d’azote liquide qui est ici proposée. Illustration parfaite de la maîtrise de ces ambiances de lourdeur glacée Hegemony pose de suite son décor, crée son univers, hypnotisant, n’offrant aucune échappatoire à une attention alors totalement captivée. Largement mis en évidence, jamais les travaux sur les vocaux n’auront atteint tel résultat, aussi bien en terme de qualité indépendante des growls et des voix claires, que dans leurs associations (et des interventions vocodées sur « Sublime sense »). Lourds, parfois étranges, angoissants (« On the burning sand ») ou plus rythmés et puissants (« March of the Neovocyts », tube absolu du disque) les titres n’en demeurent pas moins accessibles, même aux « non initiés » ayant pu être effrayés par les aspects expérimentaux du groupe.
Poussées à leur paroxysme, les mélodies offrent effectivement un repère, une base d’ancrage pour éviter à l’âme de s’égarer. Beaucoup de travail, beaucoup d’attentions semblent s’être portées sur Hegemony, un album total, proche de la perfection où aucun détail n’est laissé au hasard.

Véritable seau d’eau rempli de glaçons jeté au visage de ceux ne s’étant toujours pas remis de Room Seven, ce sixième album se placera immédiatement dans le trio de tête de la discographie du groupe, et c’est une évidence, à posséder dans toute discothèque métal qui se respecte.