Au commencement, Dieu créa la Finlande et le métal; le lundi il créa les finlandais et le folk ; le mardi le black folk, le mercredi le death folk, le jeudi le heavy folk, et le vendredi, il créa le week end anticipé et parti au bistrot « A l’esprit sain ». Et pendant ce temps, livré à lui-même, tout ce petit monde dans un esprit tout neuf de création bouillonnante poursuivit son œuvre et créa, allelujah, le folk progressif ! personne ne l’avait encore sorti celui là, ou presque.

Loués soient donc les finlandais (et le seigneur), pour cet esprit de créativité, un esprit que Rauta semble avoir particulièrement développé. « Haudanmaa », c’est un peu comme une ballade en barque à travers le folklore de tout un pays. Chant à 100% en langue finnoise, violon, accordéon, voilà de quel bois on se chauffe tout là haut dans le grand nord.
Certes, depuis l’invention de l’électricité, la musique peut se permettre quelques extravagances et les rythmiques lourdes et surtout une basse omniprésente viennent alors compléter l’ensemble, sans oublier bien sûr un batteur loin d’être manchot, car soumis à des perpétuels traumatismes rythmiques, mais nous y reviendrons.
L’accordéon et le violon pépient donc joyeusement de concert, suivi par un très bon chant masculin clair (malgré un accent quelques peu inhabituel et parfois déconcertant) et tout d’un coup ? bling blang mais que font ils donc ? la basse et la rythmique s’y mettent à grand coup pour déstructurer tout ça, avec des fins de morceaux partant parfois dans un mélange très free style. Dans les années 70, le groupe français Gwendal avait déjà expérimenté ce mélange de folk dérivant vers le free jazz, et c’est un peu la même idée qui transparaît au cœur de la musique de Rauta, avec bien sûr une thématique et des instruments nordiques et non irlandais, comme l’était l’inspiration de leurs prédécesseurs tricolores.

De la folk qui part en sucette, soit de la « free folk » ? et oui, voilà un terme pouvant bien caractériser un « Haudanmaa » tout de même très accessible malgré de nombreux travers biscornus. Effectivement, le disque n’est pas sans comporter des titres très charmants aux refrains presque pop (comme « Tulenkantajat ja sateentekijat », joli non ?) très adouci par un chant pouvant être puissant mais la plupart du temps peu agressif. Et revoilà les guitares qui dissonent, la basse qui vibre, un batteur qui a bossé des heures sup pour réapprendre à se re désynchroniser, et l’accordéon digne de la plus belle guinguette de déglingués…un mélange audacieux, surprenant et réussi.

A la fois mélodique et dissonante, construite et chaotique, les compositions ont tout pour séduire, ou faire fuir selon les goûts ; quoiqu’il en soit, voilà un esprit très simple et très nature et un bel emploi de nouvelles instrumentations folk très plaisant qu’il convient de saluer.