ALL GUILTY fait partie de ce genre de groupes qui interpellent instantanément. Non seulement, son nom à un côté caricatural assez amusant, mais son esthétique tout aussi décalée à de quoi plaire. Il est rare, par exemple, de voir photographié dans un livret d’album, un steak ainsi qu’une part de gâteau. La question, ensuite, est de savoir dans quelle mesure la musique de ces allumés est aussi efficace que le laisse imaginer l’esthétique. Qu’en est-il donc de ce « Primary Color Solution » ?

Côté efficacité, peu de critiques sont à adresser à ALL GUILTY. Son Hardcore, est bien ficelé quoique très dans l’air du temps. Pour ainsi dire, en plus de proposer des rythmes ravageurs et autres plans syncopés, nous rencontrons à plusieurs reprises des éléments très Deathcore. Entre autre, les bons « gruiks » porcins en vogue en ce moment, ainsi que les blast beats, inhérents à tout groupe d’extrême qui se respecte.
La seule originalité du Hardcore de ALL GUILTY - et encore, d’autres l’ont déjà fait -, réside dans la faculté de faire des chansons efficaces, quoique très déstructurées. Et encore, cette originalité a ses limites. Cela fonctionne bien sur une moitié de l’album, mais nous avons inévitablement, à un moment ou un autre, l’impression que le groupe tourne un peu en rond. Néanmoins, nous retenons de l’écoute d’ALL GUILTY plusieurs moments assez forts. Il s’agit, plus précisément, des instants où le groupe rejoint son esthétique décalée. Cette dernière se ressent à deux niveaux. Tout d’abord au niveau des samples qui viennent ponctuer certaines chansons. De fait, sur une chanson comme « Train » nous avons en guise de clôture des voix dignes de cartoon et une musique de type Music Hall, sortie droit de nulle part.
Pour en dire un peu plus sur le niveau du groupe en matière d’humour, ces derniers, dotés d’un accent québécois très prononcé, remercient Bugs Bunny ainsi que Elvis, sur la dernière piste de l’album. Ensuite, l’autre décalage, vient de la voix. Cette dernière est très typée Hardcore (elle serait presque caricaturale), et le débit très rapide et donc, très technique, amène des fois à une impression que le hurleur bafouille. Bref, cette exagération présente sur les huit chansons, a un caractère assez amusant. Il va de soit que le combo cherche à se démarquer du reste de la scène par son second degré, mais en y réfléchissant bien, sa musique est plutôt conventionnelle et l’humour, sur certains titres, est assez en retrait, ainsi on peut avoir le sentiment d’écouter deux groupes différents. Finalement, ce qui paraît évident, est qu’ALL GUILTY se cherche encore.

En conclusion, la demie-heure passée avec ALL GUILTY est relativement agréable et à de quoi satisfaire les amateurs de musique extrême. Précisons également que « Primary Color Solution » est avant tout une autoproduction. De ce fait, on ne peut qu’être assez respectueux quant au travail fourni par les canadiens, même si on peut reprocher à ces derniers de ne pas avoir assez exploré le parti pris du second degré.