La scène alternative, la France connait bien, pas de problèmes à ce sujet et quand il est question de grosses guitares, l'expérience du passé a montré que pas mal répondaient aussitôt présents. Cependant, peu parviennent à savoir mélanger rock et métal sans soudainement se retrouver dans un bon vieux neo métal, exercice de style maintes fois abordé, avec plus ou moins de réussite par moult headbangers hexagonaux. "Land of compromise"" des nouveaux Third Eye saura t il échapper à la règle?

Et bien, certes, si sur l'ensemble de l'album, la partie métal se résume à l'emploi de guitares très lourdes, c'est sur une alliance harmonique rock/pop dynamique que s'ouvre "Land of compromise"; rock pop pour un bon chant clair, dynamisme dans les basses qui claquent, et la bon emploi des guitares, lourdes en arrière plan, le devant de la scène étant réservé à des utilisations des cordes plus mélodiques (« à voir sur le hit « Land of compromise »). Pendant 15 minutes, Third Eye développe une musique originale et variée et l'écoute se déroule remarquablement bien, du moins jusqu'au quatrième titre « Ce mal en toi » qui vient littéralement tuer l'album. En quelques instants, le groupe replonge alors dans une caricature de nu métal qui aurait bien eu sa place sur un album d'Ultra Vomit, mis à part qu'ici, l'ironie n'est pas volontaire.

Avec des compositions simples mais à la longue très similaires (surtout dans les rythmes qui varient peu) , Third Eye sait mélanger les styles, avec un résultat mitigé dans des compositions inégales ou réfléchies, ou franchement faciles. Le groupe pourra en tous cas remercier son bassiste dont les apparitions apportent un plus groovy évident (« Finding the trigger ») parfois bien utiles pour combler certains vides. Comme le montre un « Next » aux intonations post rock, Third Eye possède de nombreux éléments d'accroche mais qui sont encore à approfondir et à développer pour éviter la banalité du rock simpliste à grosse guitare. D'autres éléments, pas toujours très judicieux comme l'abus de sample ou les apports orientalisants (« Equilibrium ») montrent que la formation est encore dans sa phase d'expérimentation musicale.
Energie et mélodie ont donc de quoi susciter l'intérêt, en espérant un prochain album plus profond pour confirmer les bons éléments présents.