Tiens, une compilation de « Guitar heroes »! Hum ça sent le pâté, on va encore se taper une collection de morceaux connus et pompeux d’artistes plus ou moins obscurs… C’est en tout cas ce qu’on pourrait se dire, mais grande surprise, ce n’est pas le cas. Des 12 titres ici présents, tous sont inédits, voilà déjà l’un des intérêts de ce disque, l’autre, c’est que Magna Carta, le label qui nous le propose à eu la bonne idée de confier la coordination de la production au grand Ron Thal alias Bumblefoot (et très accessoirement guitariste des Guns n’Roses), ce qui nous vaut une sélection de choix.

Comme vous pouvez vous en douter, tous les titres ici présents sont à la gloire des guitaristes qui viennent y exhiber leurs plus parfaites "branlettes de manche"… Et ces cochons mettent du cœur à l’ouvrage. On a d’ailleurs rarement eu l’occasion d’écouter un album instrumental qui dépasse l’heure d’écoute sans nous faire bailler avant la moitié.
Une question vous brûle les lèvres, j’en suis sur… Mais qui sont donc les invités de cette compilation? Alors dans l’ordre nous avons Paul Waggoner (Between the buried and me) qui ouvre cet album de façon magistrale dans un registre très proche de ce qu’il fait avec son groupe. Kris Norris (Darkest Hour) nous plonge dans un univers plus planant et mélodique avec quelques consonances orientales mais n’en oublie pas néanmoins de faire pleuvoir un déluge de notes lors d’un solo impressionnant de rapidité. Dave Martone lui donne dans la rythmique lourde et nous fait grandement partager les plaisirs de sa Wah-wah. Ron Thal ne pouvait pas participer à ce projet sans nous offrir un morceau, comme à son habitude c’est du bon, mélangeant de belles mélodies à quelques rythmes plus agressifs… si son jeu et son inspiration avaient été mieux exploitées par Mr Rose, ce dernier pourrait peut être continuer à utiliser le nom des Guns sans honte, mais bref je m’égare!
Les suivants sur la liste n’ont pas voulu être séparés, et c’est donc à deux que Eyal Levi et Emil Werstler les guitaristes de Daath apparaissent sur la même composition… sympathique sans être exceptionnelle d’ailleurs, elle a au moins le mérite de bien se fondre dans l’album. Shane Gibson qui fait de l’intérim chez Korn, vient nous faire tourner la tête avec un morceau qui ne plaira sûrement pas aux fans de ce dernier groupe… Un peu répétitif cependant.
Marre de tous ces gratteux ricains? Pas de soucis, Devin Townsend est aussi de la partie et vient prouver qu’au Canada on sait se branler le manche aussi bien, voir mieux que chez les voisins du sud. Assurément un des grands moments de ce disque! Bon le côté expérimental en rebutera plus d’un, mais les amateurs seront en revanche comblés.
Chris Poland du groupe OHM vient lui apporter une touche plus stoner et planante qui relaxera les oreilles de ceux qui auraient pu être heurtés par les exubérances du père Townsend. Voilà le deuxième duo de cet album qui pointe le bout de son nez, à savoir les Suédois Ola Frenning et Christofer Malmström (Soilwork / Darkane), pour un morceau ou finesse et mélodie sont les maîtres mots avant toutefois un final bien plus agressif. Mike Orlando nous propose lui un jeu nettement plus « conventionnel » en tout cas pour ce genre de compilation. Idem pour James Murphy (Testament) qui nous interprète un morceau très heavy, bien joué mais sans aucune surprise. Enfin, pour clore cet enchaînement de « guitares qui nous mangent le cerveau », ce sont nos compatriotes d’Anthropia qui viennent prouver qu’en France, nous n’avons rien à envier à qui que ce soit, au travers d’un morceau de haute voltige qui ferait presque frémir les indétrônables Dream Theater.
Voilà, le tour est fait, mais n’oublions pas non plus de saluer le talent de Dennis Leeflang (Within Temptation, Sun Caged, Epica) qui vient frapper les fûts sur la majorité des morceaux, ainsi que Jeremy Krull, bassiste et compositeur de talent, puisque 4 des 12 morceaux présents ont été composés par ses soins plus un 5ème co-écrit avec Ron Thal (qui lui a également composé le morceau pour Chris Poland).

«Guitars that ate my brain» est au final largement au-dessus du niveau de ce genre de compilations, avec d’un côté une variété qui empêche l’ennui et de l’autre côté une cohérence qui fait que l’on n'a pas l’impression de passer du coq à l’âne. Amateurs de grands guitaristes et de métal progressif, voilà un excellent album dont vous auriez tord de vous priver.