Pour nombreux d’entre nous, le Métal Hongrois ne rime qu’avec EKTOMORF. Pourtant, il semble qu’il existe d’autres groupes moins importants, et tout aussi performants dans le style pratiqué. WACKOR fait partie de ces derniers et nous délivre avec « Uncommon ground » un très bon premier album.

Le son WACKOR est celui d’un Thrash-métal moderne et puissant qui ne renie pas les influences de MACHINE HEAD et FEAR FACTORY. Bien que leur production soit tout de même moins forte que celle de ces derniers, la qualité d’enregistrement est telle que nous pouvons véritablement savourer l’album. Cela est particulièrement dû au groove très particulier qui en guide toute l’écoute. Une fluidité rythmique conduit ce « Uncommon ground » tant et si bien que chaque chanson sonne presque comme un single. N’imaginons pas par la notion de single un album commercial, j’entends juste par là que chaque chanson est très accrocheuse mais pas nécessairement accessible à tous puisqu’un caractère assez barré constitue cet opus. A plusieurs reprises nous sommes d’ailleurs tentés de penser à SYSTEM OF A DOWN, notamment à cause des guitares parfois très allumées (« Rancor » et ses slides aigus en contre temps).
Une autre qualité de l’album vient directement de leur chanteur dont la voix à la fois claire et éraillée se combine incroyablement bien avec le reste de la musique, que ce soit dans les chansons les plus Rock comme « Somebody » ou les plus violentes comme « Bloodcat ». Par ailleurs, sans pouvoir être considéré comme un groupe atmosphérique, WACKOR fait preuve à de très nombreuses reprises d’un très gros travail quant à la question des ambiances. Là où apparaît brièvement un didgeridoo dans « Bloodcat » ou « Munnymaker », « Moonsoon », le groupe nous surprend par son rythme véritablement dansant et ses sonorités proches de l’électronique. Un tel album, si varié, pourrait paraître sans queue ni tête, pourtant la structure générale est parfaitement cohérente et nous naviguons sur un océan tantôt calme, tantôt en pleine tempête. Notons néanmoins, sur la deuxième partie de l’album une tendance plus prononcée en faveur du Rock que du Thrash-métal, quoique la frontière entre les deux genres soit assez peu sensible. En trente-cinq minutes seulement les Hongrois parviennent à créer un univers assez personnel, assez fort en efficacité, le tout relevé par une certaine dose d’audace.

En conclusion, si vous aimez la musique expérimentale, accrocheuse qui ne lésine pas sur ce que nous pourrions appeler du second degré, vous apprécierez obligatoirement cet excellent « Uncommon ground ». Espérons que la scène hongroise comporte d’autres groupes aussi forts.