_ Tiens qu'est-ce que c'est?
_ Une nouvelle réédition d'un one-man band Black Metal de chez Ewiges Eis.
_ Et c'est qui cette fois?
_ Hordagaard.
_ Ah! C'est bien ça. Y'a même une jolie pochette en noir et blanc avec un arbre dessus...
_ Oui, et à côté du panda qui tire la gueule dans le digipack y'a marqué « True Norwegian Black Metal ».
_ Ah! Ca aussi c'est bien alors.
...
Ma pathétique introduction mettant en scène un hypothétique dialogue entre ma schizophrénie et moi-même n'a de but que de vous faire comprendre que Fauk, l'homme-orchestre omnipotent de Hordagaard , est un véritable cliché à lui seul. Rien que le packaging ne pouvait pas me tromper sur la teneur de l'album. Tenez, ça sentait le vieux Black Metal à travers l'enveloppe, même. Parce que ce bon vieux Fauk vous le dirait s'il le pouvait, chassez les corpsepaints, ils reviennent au galop. Alors avec une emphase qui lui plairait sûrement, L'Heure du Jugement est désormais arrivée... Vérifions si mes suppositions sont fondées...

Je ne vais pas vous mentir, si certaines formations jouent du Black Metal old-school avec panache, Hordagaard le compose comme il pointe à l'usine. Fauk est l'auteur exclusif de pas moins d'une trentaine de démos, eps et cds avec Hordagaard et ce depuis 1999. Oui oui, vous avez bien compté, ça fait une moyenne de dix sorties par an. Loin de lui reprocher d'être prolifique, je suis cependant sceptique quant à la capacité de sortir quelque chose de neuf à chaque fois. Mais évitons d'être mauvaise langue, avant « Trollskap » je n'avais jamais écouté Hordagaard et mes oreilles encore vierges de la musique de cet individu ne demandent qu'à être comblées. Or, tout a priori mis de côté, il faut bien avouer que rien n'est fait pour me contredire. Les neuf chansons qui composent cette réédition fleurent bon les resucées d'Isengard, Darkthrone et Bathory, bref, rien de très très récent. Et « Trollskap », du coup, de ne rien nous proposer bien palpitant. Même si certaines chansons comme « Maatte Jehovas Vitner Sjaa Klubba » revêtent un charme désuet indéniable, le caractère de l'album est quand même bien effacé, à cause notamment de la différence nette d'enregistrement entre les différentes chansons... Le propos incohérent du mix réduit « Trollskap » à faire office de compilation éparse alors même que les chansons défilent une à une, sans lien et même avec des transitions plus que malvenues les unes entre les autres... au niveau du son, je ne vous fais pas un dessin, c'est vieux, sale et underground, bref l'honneur est sauf. Tenez, On remarque même quelques erreurs de calage de-ci de-là pour que ça fasse encore plus evil, puisque de toute façon les chansons ne sont pas agressives à proprement parler: quelques touches Pagan-Black sortent Hordagaard de la noirceur d'un son de Metal Noir froid et violent et il faut dire que la plupart du temps, le one-man band sonne plus bucolique que haineux, fait charmant par certains égards mais somme toute peu efficace...

Honnêtement, une grosse demi-heure pour jouer du Black Metal à papa en 2009 avec un son plus pourri que "Transylvanian Hunger", ça rime à quoi? Si vous trouvez la réponse, mailez-moi, à l'heure où vous lirez cette chronique je chercherai encore. Vous êtes un inconditionnel nostalgique de la vieille scène Norsk du début des 90's? Alors oui, peut-être risquez-vous de trouver votre compte dans « Trollskap »... Or passez votre chemin si le Black Metal est pour vous un style que vous appréciez dans sa continuité et pour ses aptitudes à muer encore et toujours.