Faut il « être tendance » pour mieux toucher le public? Car les faits sont là, le métal est bel et bien touché par des phénomènes de « cycles de mode », beaucoup de groupes ayant connu le succès à la fin des années 90 l'ont appris à leurs dépends. Tristania, Penumbra, Trail of Tears, Theatre of Tragedy sont autant de noms actuellement boudés par la nouvelle génération de métalleux, attirés davantage par des sonorités plus modernes, plus violentes, ou plus folk. Directement issus d'une « ancienne génération » relative, ou plutôt en terme d'exercice de style, Eternal Tears of Sorrow (EToS) saura t il résister à la nouvelle demande?

Particulièrement productifs jusqu'en 2001, les finlandais ont toutefois montré quelques difficultés avec par la suite 2 albums en 8 ans, révélant déjà une sorte de déclin du genre? Point positif à mettre au crédit du groupe : Eternal Tears of Sorow n'a pas changé de conduite musicale pour faire plaisir à un nouveau public. "Children Of the Dark Waters" s'inscrit alors dans la lignée des albums capables de jouer avec des chants agressifs mêlés de chœurs féminins et des lignes de rythmiques soutenues complétées par des accompagnement au synthés. C'est alors une forte dominante symphonique qui s'exprime sans retenue avec des compositions qui ne manquent ni de volume ni de vigueur (« Diary of demonic dream », et blast de « Nocturne Thule »). L'évolution sonore est ainsi notable, avec une densité accrue, un impact plus direct et plus puissant et de belles orchestrations. L'album n'est cependant pas dénué de faiblesses, la première allant aux vocaux death manquant de coffre et d'efficacité, la deuxième étant attribué au rendu final des compositions; des transitions au piano et de chant féminin entre les envolées de guitares et de batterie? Charmant et poétique, mais aussi un peu cousu de fil blanc. EToS vise visiblement à exprimer une sorte de noirceur nouvelle et y parvient parfois au cœur de ses passages les plus agressifs, mais la plupart du temps, "Children Of The Dark Water" ne montre pas de visage particulièrement effrayant. Il demeure alors amusant d'entendre au travers ces mélanges de styles (death, goth, symphonique, avec également une touche heavy) un rendu final s'approchant d'un album qui aurait pu être composé il y a dix ans.

Les finlandais n'ont donc pas renié leurs origines avec une sixième réalisation conséquente , en rien ennuyeuse, et non dénuée de charme pour les amateurs de métal mélodique, et qui surtout ne fera de mal à personne. Manque encore ce petit quelque chose pour se distinguer des meilleurs et prendre la tête du championnat.