« Moi je me souviens, dans mon temps, les jeunes arrivaient dans le métal en écoutant AC-DC et Iron Maiden, mais maintenant, ça va trop vite, les jeunes commencent maintenant directement par Deicide et Cannibal Corpse » et oui mon bon Lucien, y'a plus de valeurs, les temps changent, et les jeunes oreilles réclament du toujours plus fort, toujours plus haut à s'en faire saigner les tympans, trouvant souvent le heavy trop light (en vous passant les aimables sobriquets) et un peu vieillot. Mais faire du heavy métal et être capable de botter un cul imberbe est encore possible en 2009! Donnez des guitares à Holy Cross, les musiciens vous offrent un relooking capillaire à l'œil. Attention, ça décoiffe.

Tout le monde connait le style, tout le monde connait le son et pourtant se dégage d'Under the flag un je-ne-sais-quoi d'entrainant, à faire taper du pied, et à balancer sa choppe dans le nez le plus proche, en toute convivialité, cela s'entend. L'album évolue dans un registre heavy/power old school très classique, et pourtant ultra efficace. Impact des solos précis et tranchant (« Lightning from the North »)? Entrain des bons gros riffs à en faire tirer des larmes de nostalgie? Efficacité d'une voix maitrisée, non pas hurlée et suraiguë mais dont la voilure rauque est du plus bel effet? Non vraiment, difficile de savoir parmi toutes ces qualités ce qui réellement fait la force de ce disque. Mais oui, tout simplement : un ensemble carré, compact d'où émerge une grande cohésion entre musiciens et par conséquent, un vrai plaisir qui s'exprime et qui touche.
"Under the flag" déroule et maintien effectivement l'attention le long de titres enlevés ( avec en pic la cavalcade basse/rythmique de « Fortress of Asgaard ») chargés de mythologie nordique. Une petite touche d'épique avec des chœurs, mais pas de symphonique/rock/horror/punk ou de quoique ce soit, "Under the flag" est avant tout un pur album de métal joué avec les tripes, un fait marquant que beaucoup ont tendance à oublier.
Plutôt que de se déchirer dans des concepts en perdition ou dans des étalages de technique, Holy Cross joue droit, joue juste et si cet album n'est pas en tous points parfait (avec un son qui se répète parfois, et un phrasé avec un accent bien frenchy ou une prod sonore qui aurait mérité un petit coup de pouce supplémentaire) voilà une réalisation à ne pas laisser passer pour tout bon amateur de métal de 6 à 66 ans. Metal is forever!