BORGIA est la valeur montante du black metal hexagonal, qu’on se le dise! Il faut parfois user de doux superlatifs pour porter bien haut des groupes qui ne sont malheureusement pas assez connus de tous, mais il va s’en dire qu’avec leurs dernières démos prometteuses, ce split avec YSENGRIN et leur prochain et nouvel album « Ecclesia », le combo black metal va sortir du bois.

"Ars Magna Moriendi" est en réalité à prendre comme un ensemble, un split album qui reste assez cohérent et compact, dans une atmosphère envoutante et ténébreuse à souhait. Le concept général traite du Jardin des Délices de Bosch, à savoir une peinture en trois volets : le paradis, le jardin de la vie réelle et l’enfer. Tout un programme donc, et cette matière est déclinée en musique, en textes (poético-religio-philosophiques), et en art graphique, puisque le réalisateur de l’artwork réussi est Guido Saint Roch, l’instigateur de YSENGRIN.

Commençons l’écoute avec BORGIA donc, qui signe là quatre compos inédites, dont une en collaboration avec YSENGRIN qui terminera l’opus avec trois autres titres.
Début en douceur, avec une sorte d’intro ésotérique, comme si l’on pénétrait dans un paradis, coup de maitre donc pour cette interprétation qui colle juste avec le thème. Guitares façon aériennes, légèreté, chant susurré, bref, on avance avec confiance dans cet Eden qui laisse place ensuite au jardin des délices, pour moi l’un des meilleur morceau de l’album/split, puisque c’est un étrange et savant mélange de black/dark, avec sonorités toujours ésotériques et bibliques, renforcé par des chœurs féminins extrêmement précieux. Entre Chaostar et Forbidden site…Puis viens l’enfer. Fini la rigolade (si il y en avait une). Le tout est précipité dans un black torturé, distordu, rapide, bref, une sorte de puits sans fond à la Blut aus nord. Le chant black est toujours bien placé et ne rebute pas trop puisqu’il est utilisé avec parcimonie, là où il faut, quand il le faut. Du grand art. Le titre commun « Contemptus Mundi – Nigredo » est lui sans trop grand intérêt musical, les guitares saturées faisant quasiment seules le travail des quelques minutes imparties.

Nous passerons donc rapidement à YSENGRIN, qui reste toujours dans la lignée conceptuelle, mais avec un autre son (encore plus brut) , une autre âme. Techniquement, il y a moins de travail, la batterie sonne malheureusement trop étouffée et même si les titres sont globalement intéressants (surtout dans les parties doom/dark), le chant black/death est à force lassant, comme les riffs de guitare redondants. Peut-être qu’avec un meilleur son, le tout serait mieux passé mais pour ma part je n’ai pas trouvé mon compte, dommage.

L’avantage d’un split, c’est de se montrer et de pouvoir ainsi découvrir deux groupes, le fameux « 2en1 ». Mais c’est aussi un risque car l’un peut surpasser et dominer l’ensemble. Quoiqu’il en soit, rien de mieux que de vous faire votre propre opinion, le tout est de très bonne facture et c’est un split qui ravira autant les fans que les amateurs de black/dark.