Si vous voulez de l’underground pur jus au style déjanté et à l’univers post-apocalyptique, Children of Technology est le bon numéro. Le quatuor commence à faire sérieusement parler de lui au sein des scènes underground punk et métal européennes avec la sortie de ce premier album « It’s Time To Face The Doomsday ». Les Italiens n’en sont cependant pas à leur premier coup d’essai puisque splits, singles et démo commencent déjà à s’accumuler depuis la formation du groupe en 2007. Le parcours peut paraître classique sur le papier pour un groupe de cet acabit mais le fait est que Children of Technology se révèle être à la lisière des ovnis musicaux…

L’imaginaire du groupe se trouve inspiré par la trilogie des films « Mad-Max » ce qui ne devrait donner lieu à aucune réjouissance mais Children of Technology s’en contrefout : le groupe aime à observer un monde régi par la loi du plus fort en proie à des guerres technologiques interminables. Ne voyez donc aucune ambition politique quelconque dans le nom du groupe, celui-ci agit plutôt en spectateur d’un système plus que détestable. Mais au-delà de l’imaginaire du groupe il y a bien sur l’aspect musical de ce premier album. Là encore, le groupe a su se créer une forte identité car bien que les différentes influences dont ont pu se nourrir chacun des membres sont facilement identifiables (Motörhead, Amebix ou Bathory) le produit fini se révèle être tout à fait original. Mélangez guitare Thrash à batterie Punk, basse grasse à voix Punk’n’roll et vous obtenez 8 chansons qui ne manquent pas d’afficher leur énergie. Même si la dominante de style reste profondément Punk, les compositions gagnent en profondeur.
Grâce aux ajouts Thrash, la mélodie peut se montrer plus complexe et accrocheuse. La voix suit elle aussi cette orientation pour adopter un ton très Rock’n’roll par endroits. Quelques petites exclamations, et autres cœurs pittoresques ponctuent également la majorité des titres et tout cela rajoute au groupe un aspect assez timbré annonçant déjà des prestations scéniques mémorables. On a même l’impression fugace de retrouver d’une certaine manière la spontanéité qui caractérisait les premiers groupes de Black métal. Mais voilà, Children of Technology doit traîner avec lui les habituels boulets qui caractérisent la plupart des formations de punk underground. La batterie se montre rapidement agaçante de monotonie, les guitares manquent cruellement d’ambition et l’aspect éraillé de la voix du chanteur font à la longue grincer des dents. Certes, tout cela est en quelque sorte compris dans les règles du jeu mais on ne peut empêcher que l’auditeur (plus ou moins) de base ait du mal à adhérer complètement même si le groupe semble faire tout pour que l’étincelle se produise.
La qualité sonore de l’album, tout en conservant son aspect brut de décoffrage relatif au style, peut être décrite comme soignée grâce à une atmosphère travaillée par des samples, bruitages et intros entraînantes. Certaines chansons privilégient un certain aspect festif et déjanté avec des instruments, une voix et une mélodie moins lourds et plus légers comme sur le titre d’ouverture « New Enemies to Hunt » où le chant qui domine ici largement se veut complètement Rock’n’roll avec des ‘Aouhhhh’ et des ‘Hellyeah’ plantant le décors. D’autres compositions se veulent beaucoup plus lourdes et centrées sur l’inspiration apocalyptique du groupe comme en témoigne « Nuclear Armed Dogs » où les samples mêlent bruits de bombes qui explosent et marches militaires sur fond sonore de chiens aboyant férocement.

« It’s Time to Face the Doomsday » se situe finalement à égale distance entre le punk et le metal. Cette originalité a eu pour conséquence de poser un problème majeur au groupe qui s’est vu contraint de choisir entre deux conceptions opposées de la technique : laxiste pour l’une et exigeante pour l’autre. Et le choix de Children of Technology d’arborer une technique peu approfondie a eu pour résultat de plomber notoirement la qualité d’un album qui aurait pu sans cela faire de grandes étincelles.