Déjà dix ans qu’ « Ancient Storms of War », le premier album de Gravewürm, est sorti. Ce combo est souvent confondu (et il faut dire qu’il y a de quoi) avec les Blackeux Symphoniques de Graveworm, bien qu’ils n’aient que peu de similitudes entre eux. Depuis 2000 (et ce fameux premier album), les Américains n’ont pas chômé, puisqu’ils nous présentent maintenant leur septième galette, si l’on exclut les nombreux splits CDs et live, bien entendu. Et pourtant, malgré cette production prolifique, la troupe de Zyklon (le chanteur de Gravewürm, pas le groupe ! Il faut suivre…) reste encore très méconnue dans nos contrées. Cette nouvelle galette est prévue pour octobre prochain, et est sortie par Hells Headbangers Records, label américain spécialisé dans le Black, le Death et le Grind. Au niveau sonore, le groupe donne dans un Black très ordinaire, trempé dans des influences Thrash marquées et revendiquées par les membres de Gravewürm. Ceux-ci citent des combos tels que Kreator et Candlemass, tout autant que Celtic Frost, Burzum ou Darkthrone.

La pochette de « Blood of the Pentagram » illustre parfaitement le nom de l’album, et se révèle un peu kitch. Elle regroupe pas mal de clichés satanistes déjà vus. On est bien loin des splendides pochettes servies par Behemoth, mais on peut y voir une volonté d’underground marquée et revendiquée. Après cette première constatation, direction le bouton play et l’écoute de « Goat Command ». Et dès le début, un gros défaut assez rédhibitoire se révèle aux oreilles sensibles : la production est mauvaise, très mauvaise, et cela ne va pas en s’arrangeant au fur et à mesure de l’album. Le son grésille, quel que soit le volume, la batterie est délaissée au niveau du mix, ce qui est bien dommage dans un disque de Black Metal. Le principe du « son crade » est relativement récurrent dans ce registre, mais il faut bien avouer que « Blood of the Pentagram » sonnerait incroyablement mieux avec une production ne serait-ce que décente. Néanmoins, après quelques efforts pour passer outre cet important défaut, il convient de se concentrer sur la musique en soi, et sur ce que Gravewürm a à nous proposer.

Sur cette galette, pas de double pédale à répétition ou de rythmes très rapides, ce septième album du combo se veut fort et intense. Au niveau de l’intensité, il paraît difficile de reprocher quoi que ce soit aux Américains, qui nous ont servi ici douze morceaux pesants et empreints d’une ambiance à la fois lourde et violente. Les parties de guitare de Funeral Grave (le guitariste, au cas où certains seraient toujours perdus dans les noms) sont bien faites et intéressantes, et collent bien aux rythmes de batterie relativement lents lancés par Goat Lust (le batteur). On apprécie la force des morceaux comme « Deeper Dungeons » ou « Brought Before the Altar ». Quelques titres se détachent du lot, à la manière de « Necroromance » et de ses riffs bien placés, ou encore de l’instrumentale « Two Coins for Charon » et de son atmosphère symphonique. La voix de Zyklon revient sur la piste suivante, la résolument thrash « In Praise of Evil », pour terminer le travail sur la puissante « The Sign of a Dark Destinity ». Toujours de la force et de l’intensité, même si après douze morceaux au son grésillant et à la production mal tournée, il est possible de ressentir un début de migraine.

« Blood of the Pentagram » est clairement un album affirmant la volonté de l’underground, à la fois dans son artwork et dans sa production. De nos jours, quasiment n’importe qui peut s’aménager un mini home studio et pondre un disque au son correct, on ne peut donc interpréter cela que comme quelque chose de délibéré, ce qui est après tout courant dans le registre BM. Pour les puristes du registre, c’est peut-être normal et appréciable, mais pour les autres, ce son mauvais, qu’il soit voulu ou non, reste un point négatif non négligeable, puisqu’il entrave la bonne écoute du disque. Malgré cela, il faut reconnaître que les Gravewürm ont fait un bon travail de compositions et d’atmosphères, et ont réussi à créer une ambiance pesante tout au long du disque, avec un véritable fil directeur, sans pour autant ennuyer l’auditeur. « Blood of the Pentagram » est donc à conseiller aux amateurs de bon Black Metal aux influences Thrash old school qui n’ont pas peur d’entendre leurs oreilles grésiller après écoute.