La Finlande a toujours été une des terres promises du metal. À la fois grande consommatrice et productrice de Death Metal talentueux avec des groupes comme Amorphis et Kalmah, ou de Metal plus orienté symphonique en ce qui concerne de célèbres formations comme Nightwish ou Apocalyptica ou même de Black Metal parmi le plus respectable de la scène avec des combos comme Horna, Impaled Nazarene, Beherit ou Archgoat, on peut bien le dire, la Finlande en sus de toucher à tout, est aussi une terre gageant la qualité musicale.
Mais oublions un instant les styles sus-cités et concentrons nous un tant soit peu sur un genre tout aussi fameux en ce pays glacial au sein duquel de terribles formations sévissent aujourd'hui telles que Swallow The Sun, Aarni ou Dolorian, le Doom.
Astral Sleep est un groupe qui, en dépit de sa jeunesse, sévit dans le milieu depuis 2004 avec sérieux et non sans un certain talent. Après un premier album paru grâce à Solitude Productions, le groupe nous revient cette année avec un nouvel EP sobrement nommé "Angel", mêlant l'efficace au conceptuel pour nous offrir à nouveau un opus qui fait mouche !

Angel étend ses trois différentes pistes sur un peu plus d'une demi-heure d'écoute, reprenant les mêmes paroles pour les trois morceaux, la structure musicale étant la seule différence notable. La première partie débute par un riff massif et très entraînant avant de laisser place à une rythmique plus lente et imposante typique du genre, accentuée de chant clair. Avant de se délecter entièrement du contenu, certaines choses sont à noter. En premier lieu, la production du D-Studio est très bonne. Chaque instrument distille ses parties avec une clarté qui impose un certain respect envers le travail de Jarno Hännimen : Les guitares sont limpides et délivrent avec autant d'aisance à l'écoute leurs riffs glaciaux ou leurs parties mélodiques tandis que la basse se veut massive et imposante devenant le digne renforcement de ses soeurs à sept et six cordes et non pas un simple support. Les blasts de Jiri pyörälä et autres rythmiques s'enchaînent sans concession avec une maîtrise certaine sans avoir un son trop clinique ou trop organique et les chants de Markus Heinonen et de Jaako Oksanen varient allégrement du growl au chant clair, donnant sur chacun des trois titres un aspect différent aux lyriques malgré leur nature commune.

Bien entendu, faire des morceaux de huit à onze minutes sur un album peut être dangereux pour l'auditeur et sa lassitude qui ne demande qu'à pointer le bout de nez, heureusement des changements de rythme, des breaks et même des ambiances différentes entre chaque morceau de cette tryptique sont au rendez-vous, formant une agréable homogénéité et une succession logique entre chaque passage durant toute l'écoute. Si la première partie offrait une dynamique certaine, la deuxième en revanche ralentira le tempo et offrira une teneur plus sinistre et oppressante dans le fond tandis que le chapitre final, en dépit de son introduction très lente et macabre évoluera petit à petit afin de retrouver l'énergie du début et clore avec succès cet EP.

Rien n'est donc laissé au hasard et après la furie finale on ne peut que se dire que nous disposons là d'un peu plus qu'un EP, l'oeuvre d'un groupe qui fera parler de lui avec le temps.
Le quatuor offre donc un opus de qualité, reprenant les codes du genre tout en les imprégnant de leur "pâte" afin de créer une construction musicale de qualité, dotée d'une âme et tout simplement savoureuse.