CHRONIQUES D'ALBUMS




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WITCHCURSE
Heavy metal poison [ 2010 ]
Pavillon 666 - metal rock webzine CD - Durée : 45.19 - Style : Heavy metal
Informations :
Interview :
Contact label : http://www.inferno-records.net
Contact groupe : http://www.myspace.com/witchcurse6669
 


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ORIGINALITE
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TECHNIQUE
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PRODUCTION
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EMOTION
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Chronique : 20 décembre 2010 - Chroniqueur : Oceancloud
 

En internautes avisés et exigeants (sinon, vous ne liriez pas les lignes de notre site), certains d'entre vous doivent sans doute connaître l'excellent site Nanarland, qui chronique avec talent les films les plus risiblement mauvais de l'histoire du cinéma. Pour ceux là, donc, la différence entre navet et nanar n'est déjà plus un secret. Pour les autres, schématiquement, un navet est un film mal fait, au scénario, aux acteurs et à la réalisation ridicules qui ne suscite que l'ennui, tandis que le nanar est un film mal fait, au scénario, aux acteurs et la réalisation ridicules mais à un tel point qu'il en dévient drôle et que le spectateur trouve du plaisir à décortiquer son second degré. D'après moi, cette définition pourrait aussi s'appliquer à certains représentants de notre musique préférée.

Premier groupe en lisse pour le prix du nanar-metal de cette année moribonde, les grecs de Witchcurse, qui après 3 démos, 2 splits et 1 album live(!), nous délivrent en guise de buche de Noël leur premier full-length, le bien nommé "Heavy metal poison". Attention nanardeurs metal, à vos casques.
Rien qu'en étudiant le contenant, l'auditeur éclairé flairera à coup sur le bon filon de la nanar-attitude metal. Outre la pochette hideuse mais néanmoins tout à fait à propos, c'est tout le folklore clichesque du heavy metal que nous ont compilé les grecs. Voyez donc cette ineffable tracklist qui affiche fièrement sous vos yeux ébahis les titres les plus grotesques qui soit, que même Manowar n'aurait pas imaginé: "Heavy metal kamikaze", "Drinkers from hell", "Rock unite" ou l'éponyme "Heavy metal poison". N'est ce pas beau la poésie? Ce truculent hommage au heavy metal ne s'arrête pas là et un coup d'œil aux photos promos qui ornent le disque et, pour aller plus loin, celles que l'on trouve sur internet, nous font découvrir un sympathique quatuor affublé de pseudos affligeants, adoptant attitudes de poseurs et look has been savamment étudié... jean moule boules, baskets montantes, pantalon en spandex. A croire qu'il font les bourses aux vêtements à coté de chez Bruce Dickinson. Aucun doute, Witchcurse sort d'une faille temporelle. La quête du nanar-metal s'annonce bien.

Mais pour gagner sa place au panthéon du nanar, l'apparence ne fait pas tout, et certains chefs d'œuvre se cachent derrière des accoutrements et des looks improbables, sinon Kiss ou Twisted sister ou bien même le black metal ne seraient jamais sortis de leurs garages. Maintenant, étudions le contenu. Et comme pouvaient nous le faire deviner les éléments visuels, Witchcurse s'approprie également le son typique de la NWOBHM chère à Steve Harris. D'ailleurs sans Iron Maiden, Witchcurse n'aurait probablement jamais vu le jour tant le son des grecs est calqué sur celui des anglais. Mais commençons par le début: cette intro grotesque aux notes de clavecin lancinantes sur lesquelles une voix "Donjons et dragons"-like récite avec un accent innommable quelque chose du style: "Ine ze hillse ouere ze darknesssss roulez [...] (j'ai pas réussi à tout comprendre, ma compréhension de l'anglais étant très limitée), ire comsse ve Witchcurse!" Kitchissime à souhait, Rhapsody of fire n'aurait pas fait mieux. Puis l'épique "Witchcurse" ouvre les hostilités en donnant le fil conducteur de l'album. Comme je disais plus haut, le premier nom qui vient à l'esprit est Iron maiden (avec "Powerslave"). Mais uniquement pour le son et les guitares harmonisées. Car le reste est bien en deçà. Au bout de 30 secondes on se résigne à ne pas voir décoller le niveau technique bien haut. Les riffs sont plutôt bateaux (celui de "Heavy metal poison" semble même repompé sur le "Sabbath bloody sabbath" de Black sab'), voir très basiques et la batterie est plus que linéaire. Forcément avec juste une caisse claire et une cymbale (une seule, j'insiste) audibles, l'effet est réduit. La prod fleure bon l'amateurisme, légèrement étouffé, sans grand relief et faisant sonner les percus comme des caisses à lessive. Et pourtant de cette technique rudimentaire, Witchcurse parvient à sortir des choses intéressantes comme ces solos simples sans génie mais fluides et mélodieux qui donnent un tout autre cachet aux compositions. Quelques passages de twin-guitares (ces fameuses guitares harmonisées « inventées » par Wishbone ash, et qui ont fait la renommé des groupes de la NWOBHM) et certains passages calmes (l'intro de "Drinkers from hell") s'avèrent bien foutus et mélodiques à souhaits. Musicalement aussi, on retrouve donc cette patte du fait maison, sans moyens et sans grand talent qui fait le charme du nanar.

Mais le fin du fin de ce heavy metal poison reste tout de même les vocaux. Énergiques et agressifs, ils n'en sont pas moins plus qu'approximatifs, voire carrément faux par moment, surtout quand le vocaliste Possessed monte dans les aigus...aie aie aie ("Overcome the distance", magnifique séance de perçage de tympans) ou s'essouffle sur Demolition derby. Et que dire des subjuguant "Yahoooooo", "Wouhohohoh" et autres "Ooooooooh Yeaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah" qui égayent ces 11 titres. C'est kitch, c'est irritant, c'est moche mais ça fait sourire et finalement tout le charme est là. De ce déploiement d'énergie et de tous ces petits défauts d'amateur nait un charme naïf qui veut que l'on s'attache aux compositions des grecs. Car après tout, il faut avouer que bon nombre de refrain, juste festifs ou véritables hymnes à scander dans un stade de foot ("I don't wanna grow up", quel métalleux n'a jamais penser ça?), tient la route et que cette ambiance fun qui règne ici nous fait oublier nos instinct perfectionnistes et apprécier ces élans de spontanéité juvéniles (même si les musicos ont pas des tronches d'ados).
Jusque là, Witchcurse mérite donc amplement son nanar-trophé. Jusqu'à ce que je visionne la vidéo bonus de "Curse the false". Et là, le doute s'installe, Witchcurse ne serait il finalement qu'un groupe parodique? Car même les italiens de Nanowar(of steel) ou même les timbrés de Massacration n'auraient pas osés faire une vidéo aussi hilarante de niaiserie. Cette vidéo a beau être l'archétype même du clip nanar-metal, le ridicule du jeu des figurants et l'histoire en elle même se rapproche trop d'une parodie pour être honnête (Mais j'avoue que voir le type peiner à arracher le poster de Linkin park m'a fait mourir de rire). Mince, les grecs m'auraient ils trompés au point que je ne décèle pas le nanar volontaire?

Alors parodie ou véritable heavy-nanar-metal? Entre les deux mon cœur balance, bien que la vidéo bonus me ferait plutôt pencher vers un collectif « made in déconne ». Quoiqu'il en soit, malgré ce pavé d'amateurisme crasse, je me suis peu à peu pris au jeu sans prétention des quatre lascars et me suis surpris à fredonner certains refrains sous ma douche. Comme tout bon nanar, c'est mal fait, ça manque de moyen, le fond comme la forme sont risibles mais le capital sympathie de Witchcurse est énorme. Et rien que pour cet esprit "just for fun", je lui décerne le prix d'honneur du nanar-metal 2010.








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