La scène française se porte bien, merci. Peut être sommes nous à la ramasse sur le plan international (mais il y a pire, avez vous déjà entendu parler d'un groupe de metal guatémaltèque?), mais notre scène underground est foisonnante, inventive et talentueuse. Rien qu'à voir le nombre de disques made in France que notre webzine reçoit et les notes attribuées... Aujourd'hui, ce sont les clermontois de Sofy major qui retiennent notre attention avec "Permission to engage", entre metal lourd et hardcore furieux. Encore une galette qui va me faire m'arracher les cheveux pour essayer de la décrire au plus juste... Permission de commencer?

Simplement en examinant le chouette digipack et son thème graphique original et dérangeant, on comprend de suite que le compromis et la demi mesure ne font pas partie de leur vocabulaire. Et ce ne sont pas les premières notes de "Sky silence broken" qui contrediront cette supposition. Quoique assez peu représentatif du reste de l'album par son aspect doom/sludge écrasant et terrifiant, Sofy major ne pouvait offrir de meilleure introduction à un disque personnel et sans concession. La basse ronfle, les guitares griffent, la batterie claque jusqu'à l'apparition d'un chant hardcore d'écorché (qui sait parfois moduler et même se frotter à des voix claires). Passé cette mise en bouche (ou plutôt ce cassage de bouche), les autres titres se succèdent avec rage et détermination, dans un registre mélangeant sans vergogne hardcore et son rejeton post-hardcore, metal, sonorités noisy, groove rock'n'roll et parcelles d'expérimentations sonores. La musique de Sofy major, en mixant astucieusement ces différents ingrédient, se fait dense, lourde, inquiétante, suffocante, unique. Du noisy « DouxJesus666 » au violents « Cobra blanc » et « Outil » en passant par l'atmosphère glauque de « Eugene », tout ce disque transpire la passion et la sincérité en assenant des coups mortels à l'auditeur. Peu de choses à redire sur ce disque en somme, même la production est à la hauteur, claire et puissante avec un grain indescriptible qui tapisse les grattes de papier de verre. Ouch, ça fait mal! Les références des musiciens sont suffisamment digérées pour ne pas être identifiables et l'album se veut suffisamment varié pour éviter les longueurs et la redondance. Même en fouillant chaque morceaux indépendamment (même ceux dont la structure se veut un peu plus « classique »), on parvient toujours à trouver un passage inventif/mélodique/ambiancé qui fait avancer le schmilblick. Décidément, je ne trouve pas de défauts à ce disque, non rien...vraiment pas!

Verdict après ces quelques 50 minutes de pillonage en règle: permission accordée... ah, ce n'était pas une question? Ok, donc permission accordée aux amateurs de se procurer cette galette visuellement classieuse et auditivement vicieuse pour en prendre pour leur grade. Sofy major est assurément un groupe qui pésera sur la scène core à l'avenir. En attendant, "Permission to engage" est une carte de visite on ne peut plus réussie pour un jeune groupe aux dents longues qui fera mal, très mal. Commencez le feu!