« Elle deviendra le temps de la bête,
Cette vie qui laisse filer le temps
Dans un chaos imperceptible,
Elle sculpte l’univers
Chef d’œuvre fugace
Puis oublie,
L’espace d’un instant
Qui suffira à édifier l’infini
Puis le néant »…

Blut Aus Nord…un des gros piliers (si ce n’est même LE pilier) de la scène black metal française. Quinze années d’existence, 8 albums tous aussi recherchés les uns que les autres, et surtout un homme en particulier : Vindsval. Ce musicien de génie porte pratiquement tout sur ses épaules depuis le début et aura fait évoluer irrémédiablement sa musique, proposant une sorte de renouveau black, flirtant avec les symphonies noires et froides des premiers opus vers un ensemble plus industriel et martial.

Les années ont maintenant passé et après une signature chez le label Debemur Morti Productions et un album sorti uniquement sur support vinyle (« What Once Was…Liber I ») le trio de Blut Aus Nord s’attaque aux rééditions et nous offre donc en ce début d’année 2011 celle de leur album mythique « The Mystical Beast of Rebellion », l’opus de la consécration, le plus recherché, le plus avantgardiste…petites nouveautés : le second CD, composé de trois morceaux, tous trois se nommant « Chapter VII » et séparés en partie, et la nouvelle pochette, moins énigmatique et sombre…

Souvenez vous donc de ce « The Mystical Beast of Rebellion » en 2001 premier volume d’une trilogie intemporelle mettant en valeur un black nouveau, expérimental, et industriel, pourtant minimaliste et simpliste mais délivrant une aura incroyable et une ambiance décadente des plus déconcertante…noir, cinglant, dissonant même, mais terriblement enivrant…six titres donc, de sonorités glauques, de riffs ténébreux d’une profondeur accrue, de blasts peaufinés et réglés au millimètres près, de chants lamentés et criés comme on en fait peu. De l’art noir en bonne et due forme. L’enchaînement de ces six morceaux est totalement maîtrisé, si bien que même si parfois, on peut penser avoir à faire à de sérieuses déconstructions des morceaux et à un certain chaos musical, les dissonances et la complexité des morceaux y étant pour quelque chose, il n’est en aucun cas fortuit. Sauf qu’on ne retrouve pas les blasts mécaniques de la première version, et cela pourrait déplaire à plus d’un.

Il est sans aucun doute difficile de se faire à cette musique particulière, et de concevoir le fait qu’il y a bel et bien une âme et une certaine musicalité. Ne vous accrochez pas, lâchez vous et laissez vous glisser dans l’univers de Blut Aus Nord afin de vous familiariser avec leurs ambiances, leur sonorités, et leurs expérimentations. Tentez l’aventure et sombrez à l’intérieur même de cet abysse, de cet ensemble des plus noir et intense, malgré tout, le temps de six longs chapitres, six parties distinctes et définissant l’essence même de Blut Aus Nord…

Et les chapitres sept, sept, et … sept ? Aussi brutaux, rêches, hypnotiques, sombres, aériens mais lourds à la fois, caverneux et terribles…la digne continuité des six premiers chapitres, une certaine évolution en prime, dix ans ont passé évidemment…mais les atmosphères torturées et vicieuses sont toujours aussi présentes, parradées par un chant crié et plaintif. Et ce troisième chapitre sept…long, très long…plus de dix neuf minutes d’ambiances froides et noires…c’est opaque, crispant, mais si complexe, si structuré, si labyrinthique…

Une bonne réédition pour ce chef d’œuvre obscur de Blut Aus Nord, alambiqué et massif. A découvrir…ou redécouvrir…