Il fait froid. La neige tombe inlassablement. Le vent souffle fort et ses hurlements arrivent à nos oreilles. On peut sentir les craquements de la neige sous nos pieds, les cris lointains des corbeaux, et on peut aussi voir avec peine l’éclat blanc d’un objet étranger semblable à une porte, perdue dans l’épaisse poudreuse qui n’en finit plus de s’étendre…et près de nous un personnage à la longue chevelure blanche, appuyé sur un bâton s’évade, voyageur, dans ses contrées hivernales à la recherche de cette fameuse porte…

Cela n’est peut-être pour vous qu’une description simple et fidèle de la pochette, mais elle n’en reste pas moins une description de l’album. Car cette formation russe de doom/death nommée Amber Tears, avec son nouvel album « The Key to December », nous invite à suivre cette silhouette mystérieuse sur cette terre hostile et blanche, à la conquête d’une sortie des plus étranges, mais pour cela, il faut trouver une clé, la clé de Décembre, trouvable qu’en hiver bien évidemment, cachée quelque part dans un monde glacial et peu propice à la vie…

Même si nous pouvons deviner ce froid et ce vent à la vue de cette pochette givrée, nous pouvons aussi l’écouter, le ressentir, l’aimer, dès l’introduction de l’album, « Voice of Hollow Winter ». La tempête fait rage et la neige tombe dru, il fait froid, très froid, ceci accentué par la caresse des claviers en ambiance. Et puis le titre suivant « Gray Days Eternity » suit à la perfection cette douce introduction, par un rythme lent, des guitares lamentées, une basse lourde et grave, et un chant clair à la limite du murmuré, sensible, laissant place à intermittence à un growl.

Le reste de l’album se veut dans la même trempe, un mix des plus agréables entre riffs sombres, froids et plaintifs, voire même death sur certains morceaux, pour accentuer une certaines agressivité et un certain tranchant, lorsque notre petit personnage arrive à un point précis de son aventure. La mélodie crée par les guitares est d’ailleurs assez typique de la culture russe je dois dire, parfois impériale. Le chant quant à lui, est aussi lamenté que mélancolique quand il est clair, plus déchiré et hargneux quand il s’agit du growl, mais ce growl manque malheureusement de puissance et de force, si bien qu’il peut paraître assez faiblard…

En tout cas, au vue des noms des titres (des « winter » et « silent », mais aussi beaucoup de « snow » et de « gray »), on pourrait s’attendre à ce que ce froid nous écorche, nous provoque des engelures, nous fatigue et nous faiblisse, qu’en gros la musique devienne finalement monotone et que nos attention se passe au fil des morceaux. Cependant, ce n’est pas vraiment le cas, car les mélodies varient ainsi que les riffs, même si l’ambiance principale reste la même : le blizzard total ! Amber Tears, et ses pleurs d’ambre sont faites pour nous protéger (l’ambre dans la culture russe est souvent associé au terme de « protection »). Donc ne vous y méprenez pas, cet album vaut bel et bien le coup d’oreille pour son ensemble, même s’il reste plusieurs faiblesses dans la voix.

En somme, un bon album signé chez BadMoonMan Music, branche de Solitude Productions, spécialisé en doom made in Russie. La qualité est là, l’émotion aussi, les morceaux sont parfaits pour l’hiver et les jours froids à venir. Du bon boulot pour Amber Tears et ce second opus « The Key to December », qui mérite une oreille attentive de la part de tout amateur de doom et froideur.