Post-hardcore...Postcore...Post-metal... des appellations nébuleuses et quelque peu fourre tout pour un genre dont la définition reste aussi floue que ses véritables origines. On ne sait plus vraiment d'où il vient ni où il va mais il est évident que le genre tend à envahir le monde doucement. La Russie vient de succomber à son tour, si bien que le label Solitude prod a décidé de créer un sous label destiné à promouvoir ce style et ses affiliés, Slow burn records. Une de ses premières signatures est le groupe russe Steny Lda dont la seule information tangible – qui ne soit pas en cyrillique - que l'on parvient à glaner sur le net est la traduction de son nom: "Walls of ice" – murs de glace pour les non -anglophones – et qui est un patronyme tout à fait adéquat.

Pour leur premier album, ils ont donc décidé – comme nous le suggère la pochette - de nous emmener voguer sur les eaux glacées des mers arctiques ou planer au dessus de hautes montagnes aux neiges éternelles. En gros, explorer en musique et sans bouger des paysages purs et sereins. Le nom leur sied donc à la perfection tant leur son se veut froid et épuré, se dépouillant de tout artifice superflu. Comme souvent dans le style pratiqué, le seul trio guitare, basse, batterie entre en œuvre et ne laisse qu'un espace congru au chant mais nous y reviendrons. Le rendu sonore, sec, presque aride et glacial comme un jour de blizzard pose le décor pour que les russes développent posément leurs ambiances mélancoliques et contemplatives.

Évoquant les pires hivers de la toundra russe, le style de Steny lda descend directement de Pelican – la ressemblance entre cette pochette et celle de "The fire in your throats will beckon the thaw" est troublante - et de ses congénères et se place entre metal, rock et postcore. Suivant en cela la recette à la lettre, les russes alterne entre calme et tourment, entre dureté et relâchement, entre violence et beauté. En conservant un aspect rude et frisquet, les 8 compositions – aux titres plutôt étranges formés de lettre et de chiffres séparés par des tirets – présentent donc aussi bien de puissants riffs postcore que d'arpèges empruntés au rock atmosphérique. La mélancolie est omniprésente et nous offre bien souvent des mélodies à la limite du sublime qui illustrent bien le propos glaciaire du groupe.

Pour ce qui est du chant – j'avais bien dit qu'on en parlerait – il s'avère être complétement anecdotique, n'intervenant que rarement. Légèrement sous mixé, il n'apparait la plupart du temps que sous la forme de cris inarticulés, laissant suggérer une utilisation plus "instrumentale" que purement vocale et bien souvent hautement dispensable. Seul les deux derniers morceaux, présentent des lignes de chant éparses écrites en russe qui présentent un intérêt à peu près équivalent à celui d'emmener une glacière pour un pique nique sur la banquise. J'en viens presque à espérer que Steny lda abandonne complétement le chant pour le prochain album.

Pour conclure, Steny lda se veux trop conventionnel et ne se démarque pas vraiment par son originalité, ni par un savoir faire hors du commun. Honnête et travaillé, cet album se situe dans ce que je qualifierai de partie immergée, tous ces groupes besogneux mais obscurs qui constituent le plus gros de la masse de l'iceberg post-metal. Pour se rapprocher de la surface, il lui suffirait de se faire chauffer un peu plus les méninges pour trouver une formule moins classique... ou que le haut de l'iceberg fonde.

Un disque que l'on aura grand plaisir à découvrir, à creuser pendant une petite dizaine d'écoute mais qui malgré nos efforts finira dans un oubli profond jusqu'à ce que l'on retombe dessus lors d'une exploration du pôle nord de nos étagères à CD (...oui, je suis un collectionneur de supports physiques invétéré et je ne parviens pas à concevoir que l'on puisse posséder toute sa musique sur un disque dur...).