Dans le vaste vivier des groupes à "post-quelque chose", les italiens de A cold dead body ne sont pas tout à fait des novices puisque la création du groupe remonte déjà à cinq ans, mais ils ne sortent leur premier album que cette année sur le label russe Slow burn, spécialisé dans le post-metal/core. "Harvest years" aurait pu être une énième resucée de Neurosis & co, heureusement les italiens ont eu le bon goût de se creuser la tête pour se modeler une personnalité bien à eux.

Pourtant bien ancrée dans la mouvance post-metal/postcore, à grand renfort de riffs volcaniques et de rythmiques lourdes, la musique d'A cold dead body parvient avec brio à alterner les climats, passant sans douleur de la hargne du core à des mélodies éthérées du plus bel effet. Dépeignant un concept sur le sens de la vie en 9 tableaux cohérents mais bien distincts, les italiens se plaisent à varier émotions et sonorités pour rendre l'album personnel et riche en rebondissements. Si l'aspect brut du postcore, affublé de chant screamo est somme toute assez classique et présente de larges pans de déjà vu (on pourrait souvent faire un rapprochement avec Pelican), c'est dans sa facette la plus aérienne que le talent du groupe se fait le plus entendre.
A cold dead body sait, pour notre plus grand bonheur, composer des plages atmosphériques à base d'arpèges et de nappes de violons particulièrement convaincantes et emplies de mélancolie. Des mélodies finement ciselées taillent de larges cicatrices dans les murs de guitares et viennent happer l'auditeur par des fulgurances émotionnelles précieuses ("The womb", magnifique ). De plus, l'utilisation massive d'un chant clair emprunté au rock indé apporte une fraicheur bienvenue au style.
A cold dead body réussit avec brio la fusion des deux mondes, dans des compositions riches qui s'enchainent sans heurts. Le souci, c'est le goût de trop peu qui arrive après la première écoute. Les passages émotionnels sont vraiment prenants mais semblent trop clairsemés, on en attend bien plus! D'où ce sentiment que les italiens ne sont pas allés assez loin dans leur idée.
Malgré tout ce disque peut figurer sans rougir sur le haut du panier postcore/metal.

« Harvest years » possède de beaux atouts qui augurent du meilleur pour ses géniteurs. En poursuivant sur cette voie, nul doute qu'ils pourront se faire rapidement un nom dans un milieu en perpétuel développement mais qui comme tout les autres, commence à méchamment se scléroser, victime de son succès.