S’il y a bien un style musical parsemé d’embûches, il s’agit du Grindcore. Faite un album trop intelligent et les fans du genre vous mépriseront, faîtes au contraire un album primaire et la sphère entière du métal vous traitera d’opportuniste. Encore heureux qu’après vingt ans de bons et loyaux sévices… pardon… services, HAEMORRHAGE ait appris à maîtriser la formule d’un Grindcore de qualité.

Sur quoi repose donc cette formule ? Sur une gratuité de tout les instant. Les blast typiquement Death-métal s’enchaînent, joyeusement mélangés à des riffs punk. Des voix porcines et criardes viennent vous écorcher les tympans sans se soucier un seul instant d’un éventuel chant clair. Le tout est violent, primitif, amusant, presque dansant… il n’y a rien à redire. Les codes d’un genre extrêmement rodés sont biens appliqués pour un résultat très groovy. Il manque une production un peu plus claire pour que nous puissions penser à LENG T’CHE, avec tout de même une pointe d’audace en moins. D’ailleurs, c’est bien cela qui manque à cet album : la folie, l’hystérie etc. Le constat est sans appel : le groupe ne parvient pas à surprendre, y a t’il seulement songé ? Quoiqu’il en soit, à défaut d’avoir un grain, ou plutôt d’avoir un grain qui ferait sortir le groupe des conventions du Grindcore, HAEMORRHAGE fait tout de même un petit effort quant à sa musicalité en proposant régulièrement des leads de guitares pas franchement techniques, mais toujours bien amenés. Ils sont une façon d’alléger brièvement les compositions, histoire de mieux vous enfoncer le crâne la seconde d’après, un peu à la façon des solos de MORBID ANGEL mais dans un format plus court. Pour en revenir à la production, nous apprécions sa sonorité très old-school, mais surtout très influencée par les derniers NAPALM DEATH de la période Lee Dorian. Chaque instrument sonne absolument comme sur « Noise for the music’s sake ». D’ailleurs, la ressemblance avec certains plans du combo de Birmingham est telle que nous avons l’impression que nos espagnols frôlent le plagia… enfin, après tout, est-ce bien grave lorsqu’il s’agit de Grindcore ? Oublions ces accusations et parlons d’hommage pour ce style nombriliste qui assume le fait de tourner en rond.

En conclusion « Hospital Carnage » porte bien son nom puisque c’est une impression de carnage que sentirait le non initié face à l’agression délivrée par HAEMORRHAGE. Les trente-cinq minutes en compagnie des espagnols sont donc bonnes quoique prévisibles. Un produit réservé exclusivement pour les fans du genre.