Pour ceux qui connaîtraient PANZERCHIST, CROCELL n’est autre que le second groupe de Magnus Jørgensen. Dans cette formation, le hurleur s’adonne à un Death/black-métal classique, séduisant quoique convenu. « The Wretched Eidola » est son second album, toujours aussi peu inventif, mais un poil plus efficace.

CROCELL est de toute évidence totalement décomplexé à l’idée de faire une musique déjà entendue des dizaines de fois, ce qui est un peu dommage compte tenu du fait que plusieurs musiciens de notre groupe officient dans d’autres formations intéressantes. Nos danois appliquent donc ni plus ni moins que des conventions musicales bien établies, ceci dit, le groupe s’appuie sur la dextérité de ses musiciens pour mieux faire passer la pilule. Les guitares sont un poil linéaires mais offrent leur lot de petits plans techniques, en revanche le batteur est en permanence saisissant de précision, comme en témoigne la chanson « Chronos » et ses blast beats extrêmement rapides. A quelques reprises son jeu n’est pas sans rappeler Frost de SATYRICON. Vous vous en doutez, si la musique est aussi percutante, cela vient de sa production massive. Véritable rouleau compresseur que ce « The Wretched Eidola », il s’agit probablement de l’album de Black/death à la meilleure production que je n’ai jamais entendu à ce jour. Seules les guitares sont encore un peu porteuses du caractère baveux du métal d’antan mais tout le reste est un véritable déluge de précision et de densité. Je ne vous cacherai pas non plus qu’au bout de quelques titres une légère forme de lassitude s’installe, mais l’album relativement court (un peu moins de quarante minute) s’écoute plutôt bien. Seul un petit solo de guitare de temps à autres comme dans « The Puritan Harlot » ou « The Stranger » vient casser la dynamique qui est d’être brutal en toute circonstance. Un autre titre fait un léger écart, « After the Take of Winter », titre lent et profond dont la mélancolie vient contraster ce sentiment de haine qui berce « The Wretched Eidola » depuis sont début. Ce qui manque définitivement à ce dernier CROCELL sont les riffs accrocheurs. Où se trouvent donc les plans entêtant dignes de BEHEMOTH ou MORBID ANGEL qui pourtant figuraient dans leur premier album « We Drowned The God » ?

En conclusion, CROCELL offre un album prévisible mais maîtrisé. Nullement nécessaire il garantit seulement aux amateurs de Death/black extrême quarante bonnes minutes de brutalité. Espérons que la formation sera un peu plus inspirée par l’avenir car « The Wretched Eidola » côtoie hélas trop le haut comme le bas.