Parfois, il suffit juste d'un nom pour planter le décor. Dans le cas présent: TEXTURES. À lui seul, ce nom évoque un univers particulier, alliant de très nombreuses influences, parmi lesquelles MESHUGGAH et DEVIN TOWNSEND jaillissent instantanément. Les trois premiers opus, tous issus de « Listenable », furent acclamés par la presse et le public, et ce n'est pas la signature chez « Nuclear Blast » qui empêchera le groupe de connaître pareil accueil avec son "Dualism", et ce, en dépit d'un changement de line-up.

Se basant sur la même recette qui a fait son succès, à savoir une production sans faille faite par le guitariste du groupe, Jochem Jacobs, la formation a également pu compter sur la collaboration d’Erik Kalsbeek... l'ancien chanteur du groupe, aujourd'hui remplacé par Daniël De Jongh. En effet, Kalsbeek, accompagné du bassiste Remko Tielemans, a participé à l'élaboration de l'artwork, symbole s'il en est de l'excellente entente qui règne au sein et autour du groupe. Soulignons également l'arrivée d’Uri Dijk aux claviers, en lieu et place de Richard Rietdijk. Beaucoup craignaient que le groupe ne se retrouve handicapé par ces départs, notamment au chant où Erik avait, avouons-le, impressionné son monde album après album, la progression étant remarquable. Cette crainte était donc relativement logique, d'autant plus que De Jongh faisait un peu office d'inconnu, même si certains avaient déjà pu suivre ses prestations chez CILICE.

Libérons le mot qui s'impose dès la première écoute: magnifique ! Musicalement, les néerlandais étaient déjà réputés pour offrir quelque chose de puissant, techniquement impressionnant et ultra carré. Ils renouvellent le tout, apportant toujours d'incalculables changements de rythme, créant un voyage incroyable parmi les styles, rendant chaque composition unique. Impossible de tomber dans l'ennui avec cette galette, TEXTURES appartient à ces groupes privilégiant l'originalité, pourvu d'une créativité sans faille, et bien qu'empruntant certains plans aux artistes cités un peu plus haut, apposant distinctement sa patte sur chaque titre. Les riffs se font nombreux et engendrent une pléiade de rythmes au sein d'un même titre, sans jamais devenir indigestes.

Mais les principales attentes concernaient surtout le chant. De Jongh sera t-il à la hauteur, peut-il être le digne héritier de Kalsbeek? Complètement. Rares sont les chanteurs qui parviennent à procurer de telles émotions sur tout un album, mais Daniël est indéniablement l'un d'eux, assurant donc la relève.
Le chant death, qu'il soit posé sur la rythmique lourde de "Black Horses Stampede" ou beaucoup plus rapide façon "Stoic Resignation", est extrêmement puissant et semble être fait pour exploser tout un public en live. Concernant le chant clair, beaucoup plus présent, il est tout simplement bluffant. Bien mise en avant par le synthé sur "Reaching Home", la voix claire deviendrait presque l'atout de la formation si tout le reste n'était pas aussi parfait. Et on pourrait en dire autant sur le chant plus énervé de "Consonant Hemispheres", qui vous prend également à la gorge. Et les éloges pourraient être attribués à chaque titre composant ce CD.

Avec "Dualism", TEXTURES nous propose une nouvelle fois un album exceptionnel, comme à leur habitude. Peut-on dire qu'il s'agit du meilleur album que les Pays-Bas nous aient offert ? Peut-être. En tout cas, il y a bien longtemps que nous n'avions pas eu une merveille comme celle-là.