Originellement nommée SATIN BLACK, la formation allemande ALPHA TIGER, créée en 2007, compte parmi ces jeunes nouveaux groupes qui s’emploient à régénérer un « heavy metal » typé années 80. À la différence de certains de ses congénères ancrés dans le revival, ALPHA TIGER semblerait s’être plus intéressé à la scène américaine qu’à la scène britannique des années 80, sans pour autant occulter cette dernière. Leur premier album sous leur nouveau nom témoigne de l’intérêt de la formation du guitariste Peter Langforth aux premiers volumes de FATES WARNING et QUEENSRYCHE. «Man or Machine» sort en 2011 sous le label allemand « Sonic Attack ». Il se compose de 9 titres de « heavy mélodique » teintés de touches progressives à la manière de leurs icônes, dont 3 déjà présentés sous leur ancien nom SATIN BLACK dans la démo «Martyr’s Paradise» de 2010.

Le premier titre lancé, une superbe entame nous conduit là haut, dans le cosmos. Création à l’acoustique d’un paysage sous une nuit étoilée. «Starrider» engage aussitôt une seconde étape dans son parcours. La machine s’emballe alors, le chant est porté aux nues. Le son gravit les sommets pour se maintenir ensuite à un rythme plus basique. Les mélodies restent sages, pas de grandes vagues, même si on compte quelques manœuvres des guitares pour s’extirper. Le chant, quant à lui, s’avérera compliquer à appréhender. Puisant dans les aigues, à la manière d’un Geoff Tate sur l’éponyme de QUEENSRYCHE. Un heavy à mid tempo comme «Martyr’s Paradise », traitant de la folie religieuse et trahissant d’une mise à l’épreuve des guitares, ainsi qu’une approche vers les riffs d’IRON MAIDEN. Une dimension NWOBHM que l’on retrouve également avec «Against the Time» et «Exit Night», deux titres assez décevants. On ne sent pas l’envie, aucun véritable entrain, bien que cela sait se montrer énergique. Le chant de Stephan Dietrich fait part de ses difficultés à accompagner les instruments.

Autre signe de faiblesse, «Karma». Particulièrement rêche, de structure vague. La rythmique thrashisante rappelle les débuts de la formation, alors appelée SATIN BLACK. On retiendra des riffs bien plus performants sur «Crimson Desert», même si le chant est toujours aussi irritable. Le morceau se base sur un sujet d’actualité, l’engagement de l’armée américaine en Iraq. Un bon « heavy metal » aux multiples contorsions sur «Men or Machines» de l’album inspiré du roman de science-fiction «1984», écrit par George Orwell. Emballant, on parvient perceptiblement à entendre l’ensemble des acteurs. Les riffs de fin sont particulièrement intéressants. Le morceau est à la fois riche et harmonieux.

Une harmonie et une richesse qui feront la réussite de «Black Star Pariah». Un peu long toutefois, au point de devenir somnolant. Le refrain casse aussi maladroitement la dynamique de la chanson. Morceau qui comme «Exit Night» et «Martyr’s Paradise» est issu de la démo de 2010, «When Autumn Leaves Fall» optera lui pour des sonorités langoureuses. Une ballade bien en chair, même s’il y a pas de quoi non plus s’en enorgueillir.

Ce n’est pas le rugissement d’un tigre auquel on assistera sur ce «Man or Machines». Plutôt à un « heavy mélodique » correct, original, mais parfois fastidieux. ALPHA TIGER a les moyens pour vous donner quelques coups de griffes. Cependant il faudra booster l’animal, lui donner des aliments sur-vitaminés, ne pas le laisser trop paresser, ni l’enfermer dans une cage. Peut être aussi songer à retravailler le chant qui laisse franchement à désirer.