Finalement, dans le monde du "rock/metal", il y a encore de la place pour une certaine originalité.
C'est ce que nous prouvent les Danois de TRUSTED FEW avec leur premier album intitulé "And Then We Forgot".
Formé en 2004, le quatuor du Nord de l'Europe a commencé à nous "titiller" les oreilles avec un premier EP éponyme paru en 2006, mais surtout avec un second EP "Futatsu", sorti lui en 2008 et qui a ébranlé le petit monde de la critique dans le bon sens du terme.

Ce premier opus de 12 titres qui sort cet Automne chez nous est un peu la concrètisation du travail de composition fourni depuis sept années déjà. Originalité au menu donc, avec des morceaux variés lorgnant tantot vers le "métal", tantôt vers le "rock", avec des déferlantes "screamo" et des incursions en pays "funk" et "jazzy", tout un programme, donc. Ici, pas d'album "pré-digéré" qui ne laisse aucune trace dans votre subconscient. Non, il faut écouter plusieures fois le tout pour en apprécier tous les détails, tous les points d'accroche.
Ici on privilégie assez les mélodies, mais toutes en ruptures permanentes, rien n'est deviné à l'avance. beaucoup de power-chords pour un rock brut et groovy, avec une grosse dose d'énergie, mais aussi de fraîcheur bienvenue. Le travail à la guitare est remarquable et inventif, les voix naviguant avec aisance entre parties claires et screams arrachés passent comme une lettre à la poste, l'exercice n'étant pas facile dans le genre, il fallait le souligner.
Au petit jeu des comparaisons, il m'est venu à l'esprit pendant l'audition, une certaine ressemblance entre les contretemps "core" alambiqués d'un MESHUGGAH, le "funk/jazzy" d'un Carlos Santana, et la "pop" insidieuse de THE POLICE, tout ça à la fois, il fallait le faire. Ici, on passe des mid-tempos intimistes avec par exemple "It's Funny How Blood Works", aux compositions rapides allant au bout du rock (post rock?) avec "Senile Tendencies", pour aboutir au bout du métal saturé comme dans "Did it Go Well", ou encore "Dead Leaves".
Au final, nous avons un album vigoureux, attachant et accrocheur. Et, cerise sur le gâteau, nous avons une production frôlant la perfection avec bien entendu Jacob Hansen aux manettes, il fallait le préciser. L'artwok de couverture du CD ne vient que rajouter un "plus" à ce premier opus, il fallait vous en parler.

En guise de conclusion, nous allons donc recommander fortement ce "And then We Forget" à tous ceux qui sont en recherche de nouvelles sensations sortant des sentiers battus, mais bien pensées. nous restons dans le domaine du métal bien sûr, même si il flirte ici avec d'autres éléments plus éloignés du style mais nous offrant une fraîcheur inégalée, renouvelant notre accroche habituelle.