RWAKE avait fait beaucoup d’émules avec «Voices Of Omen». À force de tournées intensives pendant deux ans, le groupe américain a pu se targuer de s’asseoir confortablement, une place lui étant dégagée dans la niche "sludge/post-core" à grosse tendance "doomisante". Pas question toutefois de se reposer sur ses lauriers, RWAKE restait tout de même attendu au tournant, il fallait bien confirmer toutes les bonnes intentions qu’il avait mis en musique sur son précédent essai.

Bonnes intentions pour faire naître un bon opus peut-être, mais bonnes intentions pour le bien-être de ses auditeurs, ça non. «Rest» représente une expérience follement négative. Une longue léthargie spirituelle, une vraie chute vers un abîme sombre où l’introspection est reine. Même les passages plus lumineux et aérés (les instrumentaux ou bien cette voix si spirituelle en ouverture d’album) se veulent être une vraie torture morale sur le bien de notre existence. Méritons-nous vraiment de vivre ? Ne sommes-nous pas plus des monstres plutôt qu’une espèce maîtresse sur cette Terre ? Des questions que vous ne vous poserez peut-être pas, variant d’un tout à chacun. Mais nul doute que ce qui pourra se passer dans vos petites (ou grosses) têtes ne respirera pas la joie.

«Rest» est un très bon album qui montre un RWAKE maîtrisant très bien son propos, ayant réussi également à saisir un parfait équilibre entre "sludge" hypnotisant et un "post-core" très lourd. Un véritable choc émotionnel qui se retrouve malgré tout obscurci par trop de longueurs par moments. Il est vrai que répéter des boucles, il n’y a rien de mieux pour le côté hypnotique, mais à trop vouloir trop en faire, on peut finir par décrocher. Vraiment dommage car à côté de cela, RWAKE se montre très doué en ce qui concerne les nuances et les variations dans ses longues compositions (des pavés pouvant atteindre seize minutes !)

Au final, il faut se méfier de ce «Rest» très sympathique et bon au demeurant. Son apprivoisement peut s’avérer très long. Sans compter que les personnes non initiées sentiront peut-être l’indigestion venir. RWAKE ayant décidé de faire six compositions pour plus de cinquante minutes de musique totale, il est clair qu’il ne s’agit pas d’un opus à mettre entre toutes les oreilles. Une expérience émotionnelle riche toutefois, que les amateurs se doivent de ne pas passer outre.