L'association du metal au médiéval rencontre un certain succès en Allemagne. Les chiffres de vente de cornemuses Outre-Rhin en témoignent, tout comme l'apparition d'une multitude de groupes « suiveurs », guidés par le sillage ouvert par les cadors du genre : IN EXTREMO, SALTATIO MORTIS, ou encore SUBWAY TO SALLY.
Visiblement influencé par ses prédécesseurs, NEFACIO (« one man band project ») tente à son tour sa chance avec « Lauf ! », un album qui se détache tout de même des autres de par une idée originale : faire du « folk metal/ médiéval » sans instruments folkloriques et uniquement avec une basse et une batterie.

Idée originale ou coup de folie ? La limite est souvent mince entre le courage et l'inconscience. « Lauf ! », c'est avant tout l'histoire d'un seul homme, nommé Baba Hall, qui désirait tout simplement produire son propre album. De là à vouloir le faire partager au reste du monde, était-ce réellement nécessaire ?
Avant d'entrer dans le détail d'une musique pour le moins minimaliste puisqu'interprétée uniquement par l'association basse/batterie, il paraît bon d'écrire deux lignes sur la pochette spécialement laide présentée ici. Car étant donné les progrès technologiques en matière de design et de graphisme mis à disposition de tous, il reste toujours étonnant de voir apparaître de telles « œuvres ». Mais le ton est donné, l'empreinte du fait-maison est malheureusement une des dominantes de cet album.

L'autre grande idée consiste en la production de compositions simplistes (et quelques peu égocentriques, puisque le nom du groupe et du personnage principal sont cités plus d'une dizaine de fois dans les paroles) où l'association chant/basse/batterie trouve vite ses limites. La belle audace de départ laisse alors sa place à de cruels vides. Car Baba fait ce qu'il peut avec sa basse, et parait encore plus en difficulté avec la batterie. Une platitude et une répétitivité rythmique s'installent rapidement sur un album ni metal, ni folk, ni médiéval manquant définitivement de vigueur. Mais les dieux de la musique sont parfois cléments, et après 10 titres caractérisés par ce bruit de fûts difficile à supporter, voilà qu'apparait le plus lent « Nefacio die hymne », plus posé, avec son faux air de chant marin et surtout avec une cornemuse, variation sonore qui fait vraiment du bien à entendre.

La reprise du classique « Ai vis lo lop », les parenthèses funky et la présence d'invités (en provenance de SUBWAY TO SALLY et ex-IN EXTREMO) ne changeront rien, le loup, le renard et la belette s'en sont allés danser ailleurs depuis longtemps, vers des contrées plus animées. La critique est rude, surtout face à cette envie évidente d'un musicien de raconter son histoire. Mais la bonne volonté ne fait pas tout et le destin de « Lauf ! » est tout tracé: venir immédiatement s'ajouter dans les bacs de Cds bradés des disquaires d'occasion.