Le monde du Cyber Metal s'agrandit. Depuis les débuts de FEAR FACTORY ("Demanufacture" (1995)), l’avènement de SYBREED avec son « Slave Design » en 2004 et la venue de certains groupes atypiques dont ILLIDIANCE ou récemment NEUROTECH, le style ne cesse de croître, proposant une personnalité et une mécanicité inégalables. Mélangeant le "metal indus/electro" extrême et expérimental avec des ambiances froides, pessimistes, mélancoliques, sombres, dénuées d'émotions avec un concept tout aussi machinal basé, entre autre, sur la science-fiction et/ou la relation homme-machine, le "Cyber Metal" a encore de longues années devant lui, surtout lorsqu'il arrive à se mélanger à d'autres genres existants, tels que le "death metal", le "black metal", ou plus récemment, le "djent". Les groupes imposent leur vision des choses, cette façon de voir l'homme et la machine, cette manière d'envisager le futur. HUMATRONIC en fait partie. Originaire de Bruxelles, le quintette a déjà sorti une démo auto-produite et éponyme avant de s'attaquer à un premier album, cet album, « Structures ».

Plus orienté "post-hardcore" tant par la présence d'un chant déchiré, de riffs bien lourds, syncopés, voire polyrythmiques à la MESHUGGAH, et d'une atmosphère mélancolique, l'ensemble reste bien cybernétique grâce à la présence des nombreux samples et de la programmation on ne peut plus robotique. « Chaires Neuves » ou « Demiurge » nous montrent bien cette façon de mélanger les éléments futuristes et électroniques avec une musique déshumanisée et décadente. Le travail sur les riffs est bien rendu, d'autant plus qu'il est absolument crédible dans cette envie de montrer la relation homme/machine : imitation de bug du système avec un riff répété, aliéné et hypnotique, voix de machines en plus de celle arrachée de l'humain, petit bruit de fond parasitant, et surtout, mise en valeur de l'aspect technologique, un peu comme l'avait montré l'an passé le « 99% Exact » de FUTURE REALM.

« Limbes » pousse le vice jusqu'au bout, tant on a l'impression que l'humain n'est plus. Seuls des bruits résiduels subsistent, ainsi que cette marche mécanique en rythme et cette fusion guitare/claviers pour nous octroyer des sons aussi malsains que machinaux. Et puis « Gaijin » nous propose une montée en puissance inouïe, avec ces relents de sonorités électroniques, ce chant torturé, ces riffs puissants, lourds, froids et à l'arrière goût d'acier.

Malgré des longueurs, « Structures » est un album qui a sa dynamique, sa force, et surtout sa personnalité cybernétique. Une plongée dans un univers électronisé qui n'attend que nous. Une immersion dans un monde transformé et perverti par l'humanisation des machines et la mécanisation de l'humain. Le résultat est surprenant et particulier, si tant est que vous ne soyez pas habitués à ce genre expérimental qu'est le "Cyber Metal". Alors, laissez vos a priori de côté, découvrez un style encore peu apprivoisé mais en croissance. Découvrez le vrai monde mécanisé.