La scène roumaine n’est pas vraiment du point de vue du metal, la scène la plus renommée. Il serait même aisé de la résumer à NEGURA BUNGET et MAGICA… Or, ce serait oublier que quelques bons combos sortent parfois de ces terres peu renommées, DORDEDUH en étant pour moi le dernier exemple (même s’ils trichent, ce sont les ex-NEGURA…).
SYN ZE SASE TRI est un jeune groupe qui officie dans un registre "black symphonique" et dont le premier album est sorti l’an dernier. Ce deuxième opus, sorti un an tout juste après, avait, une fois encore, de quoi faire émettre des doutes quant à la capacité d’un groupe dont la première offrande avait été taxé (pour quelques bonnes raisons) de copie de DIMMU BORGIR, de sortir aussi rapidement une offre montrant une vraie évolution. D’ailleurs sur le plan visuel, on est resté scotché sur les bases du premier album, artwork avec le même personnage de chevalier maudit accompagné de trois loups.
Qu'est-ce que ce « Sub Semnul Lupului » a donc à nous offrir ?


Après une courte introduction ambiante, à base de récitatif assez longue et peu motivante puisque pour une raison qui m’échappe un peu, les concepts et le contexte de l’histoire narré par l’album (Ha si, je sais pourquoi ! En fait, je ne parle pas roumain…), le premier morceau « Născut în Negură » débarque et nous plonge dans une déferlante symphonique et épique à laquelle je n’escomptais point, non pas que le riffing proposé soit extrêmement dévastateur, mais l’harmonie développée sort de l’ordinaire. Un espèce de motif à mi-chemin entre le folklorique des pays de l’Est et un côté très symphonique, ce motif pourrait fort bien faire partie d’une musique de film. Mais ce ne sera pas le cas de tous les morceaux, loin de là, les références aux ténors comme DIMMU BORGIR ou CARACH ANGREN (sur "Vatra Stamoseasca", notamment). Les parties orchestrales comme celles plus folkloriques sont très soignées. Le batteur, à partir d’une base rythmique assez classique, arrive à apporter de l’énergie et de la personnalité à base de motifs plus légers aux cymbales, presque sautillants… Après, la production de cette dernière est étonnante, on l’entend certes très bien, mais je la trouve presque trop mise en avant, donnant un effet quasiment synthétique. Le chant varie d’une harsh vocale très convaincante, à la hauteur des meilleurs du style, à un growling un peu plus emprunté et commun.
On trouvera de bons moments sur cet album et d’autres plus passables (« Nemurutor Si Vesinic » notamment et ses arrangements variés, passant parfois par des motifs presque electro, mais gâché par les parties plus lentes et lassantes). « In Pantecu Pamantului » est également un bon titre mâtiné d’instruments folkloriques, une sorte d’ARKONA du pauvre…
Mais un des défauts du groupe, c’est de vouloir trop en faire parfois et il faudrait donc, en plus de tailler dans le lard de leurs adversaires, que ces guerriers de l’Est apprennent à retrancher les parties plus passables et certaines répétitions au sein de leurs compositions, afin de gagner l’efficience apte à faire briller les idées agréables proposées par ailleurs.

Au final, un album plus convaincant que le premier, qui explore et repousse les limites du groupe sans réussir à se démarquer à 100 % de ce qui a déjà été fait, un projet black symphonique qui commence à prendre de l’épaisseur, mais demande encore à vieillir et à mûrir un peu pour pouvoir éclater au grand jour